Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, réagit à l’attentat qui a frappé la ville alsacienne, mardi 11 décembre, au soir.
Mardi 11 décembre au soir, le marché de Noël de Strasbourg était frappé par un attentat. Le tireur, toujours en cavale à l’heure actuelle, est un homme de de 29 ans, fiché S. Blessé par les militaires, il a pris la fuite dans un taxi après avoir ouvert le feu dans la foule. Pour l’instant, le bilan provisoire est de trois morts, et treize blessés, dont huit graves.
"C’est un choc. Hier soir je n’étais pas dans les rues, mais j’aurai pu l’être, à ce marché de Noël. On a entendu les hélicoptères, les pompiers qui arrivaient. C’était la stupeur, la surprise. Et la compassion" explique l’archevêque de Strasbourg, qui ajoute qu’"il y a la volonté de faire du mal et le désir de toucher un symbole. On vise à déstabiliser toute une nation. Tout de suite, des amalgames vont être faits".
"Les prochains jours vont être durs. Pour des raisons qui paraissent très matérialistes, mais qui sont importantes. On a plein de commerçants qui vont avoir une chute de leurs ventes considérables. Des difficultés financières qui s’ajoutent aux difficultés déjà présentes. Et puis il y a cette menace qu’on avait un peu oubliée, qui ne vient pas directement de nous, mais qui traverse la France, et qui fait peser un sentiment d’angoisse. Or l’angoisse ne fait que rajouter à la violence. Et c’est cette violence que je crains particulièrement" lance encore Mgr Ravel.
Un attentat qui survient en pleine période de l’Avent, une période propice à la joie. "Quelques heures avant le drame, je suis allé acheter des petites choses sur le marché de Noël. Et c’est vraiment bon enfant. Il y a des familles de partout. On se bouscule à peine malgré le monde. C’est vraiment la joie simple. On sait que cette violence est possible, théoriquement, mais on ne passe pas sa vie à en avoir conscience, sinon on ne vit plus. Les gens déambulaient là, et c’est la mort qui les rattrape. Mais entre Noël et le massacre des Saints innocents, il n’y a pas tant que ça" explique l'archevêque de Strasbourg.
Après la stupeur et la tristesse, il faut aujourd’hui réagir. "Je vais contacter mes aumôniers d’hôpitaux, s’ils ne sont pas déjà sur le pont. Il y a encore une douzaine de blessés. On va les accompagner. Et je vais prendre contact avec le maire de Strasbourg pour les soutenir dans leurs démarches avec en ligne de mire l’union par la prière. Dès midi, on va faire sonner le glas à Strasbourg" précise Mgr Ravel.
L’archevêque de Strasbourg conclut en expliquant "le mystère de la violence. S’il y a quelque chose que je récuse, c’est de vouloir supprimer de la Bible tous ces passages qui traitent de la violence. Non pas que Dieu veuille la violence, mais justement, on est dans un monde de violence, et vouloir le nier et ne pas donner la place que peut avoir Dieu dans cette violence humaine, c’est nous priver de tout un pan de notre existence, et de dire que tout va bien, tout le monde est gentil. Les racines de la violence sont en nous. Il faut vraiment que l’on se remette tous devant ce mystère de Dieu, qui nous laisse la liberté, et qui nous accompagne au cœur-même de nos violences".
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