Guillaume Goubert suit depuis huit jours le procès de l'attentat de Saint-Étienne-du-Rouvray, où le Père Jacques Hamel avait trouvé la mort. Une audience forte en moments particulièrement intenses.
Certains de ces moments s'imposent d'eux-mêmes. C’était jeudi dernier au cours de la matinée. La cour d'assises entendait le témoignage de Guy Coponet, grièvement blessé lors de l’assaut et qui - on peut le dire - en a réchappé miraculeusement. Ce très vieux monsieur - il est âgé de 92 ans - a raconté comment il était resté près d’une heure à faire le mort, en comprimant la plaie de sa gorge. "C’est un drôle de moment, a-t-il dit, on fait appel à toute sa vie, on rentre dans une prière perpétuelle." Et, à cet instant, dans la très solennelle salle d’audience du palais de justice de Paris, Guy Coponet a commencé à dire le "Je vous salue Marie". Et il l’a dit en entier, tout naturellement. Personne je crois n’en a été choqué. C’était un instant de perfection, complètement hors du temps. Et qui manifestait l’attitude très particulière des victimes au cours de ce procès.
Aussi bien Monsieur Coponet que Roseline Hamel, sœur du prêtre assassiné, et l’archevêque de Rouen, Mgr Dominique Lebrun, se sont exprimés je ne dirais pas au nom de leur foi mais avec la force de leur foi. Cela signifiait en particulier écarter toute idée de vengeance et de haine. Reprenant les mots d’Antoine Leiris, mari d’une des victimes du Bataclan, Roseline Hamel en se tournant vers les accusés leur a dit : "Vous n’aurez pas ma haine." Mgr Lebrun a expliqué qu’en ce moment il célébrait la messe chaque matin pour ceux qui sont en prison, donc pour les trois accusés présents. "Je prie, a dit l’archevêque, pour qu’ils gardent la liberté intérieure, la liberté d’aimer, de ne pas être enchaîné par le mal. "
Il faut mentionner deux moments des audiences. Mercredi, des images très éprouvantes du corps sans vie du père Hamel ont été montrées. Le président de la cour a ensuite demandé aux trois accusés s’ils avaient une réaction à exprimer. Curieusement, tous les trois ont utilisé le même mot : "choquant " pour dire qu’ils avaient été touchés. L’un d’entre eux a ajouté : "Ce qui m’a choqué, c’est de voir les victimes pleurer."
L’autre moment marquant, ce fut après les dépositions de Guy Coponet et Roseline Hamel. Farid Khelil, cousin d’Abdel-Malik Petitjean, un deux assassins, a pris la parole pour demander pardon de ne pas avoir fait davantage pour empêcher son cousin de perpétrer l’attentat, parlant - je le cite - de "négligence criminelle". Roseline Hamel a déclaré que ces paroles lui faisaient beaucoup de bien. Mais elle a pris la précaution d’exprimer une réserve quant à la sincérité de cette déclaration.
Quelle a été l’implication des accusés en amont de l’attentat ? Que savaient-ils ? Pourquoi n’ont-ils pas sonné l’alarme ? C’est ce que la suite du procès doit s’efforcer de déterminer.
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