Chaque jeudi, Stéphanie Gallet décrypte une photo sélectionnée par le CCFD-Terre solidaire. Direction le Tchad dans une brousse reculée, au sud de N'Djaména.
La première impression quand on regarde cette photo, c'est qu'il fait chaud. La lumière est éblouissante, le ciel est presque blanc. Le ciel s'étend d'ailleurs sur la moitié de la photo et le reste est occupé par un sol couleur de sable. Au fond, dans le lointain, on distingue quelques habitations, probablement des cases en terre sèche.
Il y a aussi un arbre très grand - peut-être un baobab - qui occupe la partie droite de la photo, un peu en arrière. La partie gauche, c'est le cœur de la photo même s'il faut un peu s'approcher pour discerner ce que ces gens font sous un pauvre abri de paille et de branchage.
Sous cet abri qui protège du soleil, il y a dix grands adolescents qui sont assis sur des briques. On les sent un peu à l'étroit. Ils regardent et écoutent celui qui est devant eux et qui écrit sur une sorte de tableau. Il y a une femme debout à leurs côtés qui tient des fiches dans la main et regarde elle aussi celui qui est au tableau. Cet homme au tableau, c'est plutôt un élève qui fait un exercice au tableau à côté de sa professeure. Il y a ni table, ni banc, ni cahier : une situation d’extrême dénuement.
Nous sommes au Tchad dans une brousse reculée, au sud de N'Djaména. Ces enfants nomades ont parfois marché pendant plus d'une heure pour rejoindre leur professeur et leurs camarades venus d’autres campements. Dans cette école communautaire de Klessoum, seulement 2 % des enfants nomades seraient scolarisés. Les calendriers scolaires prennent peu en compte les spécificités liées à leur mode de vie pastorale et le dérèglement climatique contraint leurs familles à migrer toujours plus loin à la recherche de pâturages et de sources d’eau.
Face à ces enjeux, la plateforme Kawtal que soutient le CCFD-Terre solidaire, promeut la scolarisation des enfants nomades et cela particulièrement auprès du gouvernement. L’accès à l’éducation demeure un enjeu vital pour les ethnies nomades du Tchad, Elles sont souvent marginalisées, et le défi pour elles c’est de permettre aux jeunes générations de faire perdurer leur culture tout en étant capables de défendre leurs droits civiques.
La photographe, c'est Roberta Valério. Elle a séjourné dans ces tribus nomades et a accompagné les enfants sur le chemin de l’école. Elle a eu un peu peur de se perdre en suivant les enfants, car dans le désert, rien ne lui semblait balisé et aucun panneau de signalisation pour indiquer la route de l’école.
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