Avec l'épidémie de coronavirus, et le confinement, le Rocher veut faire entendre la voix de ces quartiers. "Cette crise sanitaire inédite révèle la fracture sociale d'une manière dramatique. Elle aggrave les inégalités sociales et économiques. L'ensemble de nos équipes vivent dans ces quartiers. On a entendu quatre cris : une grande détresse, un épuisement, le défi immense de l'école à la maison, la peur de la privation" explique Arnaud de Carmantrand, directeur général du Rocher.
Pour ce dernier, qui n'est pas avare d'exemples issus de témoignages d'équipes du Rocher, toutes ces fractures explosent actuellement. Parmi les problématiques, la question de l'alimentation. Avec le confinement, des gens basculent dans la pauvreté. Des distributions alimentaires sont organisées dans les quartiers. "Avant le confinement, il y avait les associations, les invendus dans les marchés. Suite au confinement, on est confronté à des familles qui ont de vrais problèmes pour simplement manger" ajoute-t-il.
Autre problématique, la question de l'éducation. Le président de la République estime qu'il y a urgence à rouvrir les écoles pour ces enfants. "Pour ceux-là, il faut que l'école réouvre. Maintenant certaines familles sont inquiètes quant à la réouverture de l'école. Dans un certain nombre de quartiers, il y a urgence. Par contre, avec énormément de pédagogie pour ces familles, qui ont besoin de confiance" lance Arnaud de Carmantrand.
La vocation du Rocher est de vivre dans ces quartiers. "Depuis 20 ans, nous envoyons des familles, des jeunes, vivre dans ces quartiers. Cette fracture sociale coupe les liens. Récemment, une famille nous disait qu'on est confiné aujourd'hui, mais cela fait des années qu'on est confiné dans notre quartier. Le but du Rocher est de s'installer sur place, dans un appartement, et de vivre avec. Recréer une société plus fraternelle, plus solidaire" explique le directeur du Rocher.
Avec le confinement, le Rocher fait énormément d'accompagnement pédagogique pour les enfants. Une heure par enfant tous les jours. "On a un bailleur social qui nous a donné une liste de familles monoparentales. On les visite par téléphone. On faisait avant un café des femmes. On l'a transformé en café des femmes virtuel. Toutes nos activités qui étaient physiques ont été transformées en activités virtuelles. On se réinvente complètement. Sans parler du soutien que l'on donne à certaines associations de distribution alimentaire" rappelle-t-il.
Dans un tel contexte, il y a malgré tout beaucoup d'espérance. Y compris pour Arnaud de Carmantrand, qui est passé de la direction de grands groupes à la direction du Rocher. "J'ai trouvé un morceau de ma vocation. C'est une vocation à l'amour. J'ai trouvé un plaisir, un bonheur et des fondations que je peux continuer à creuser autour de l'accompagnement des équipes, de la rencontre des habitants quand je peux" conclut-il.
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