Pourquoi autant de bébés sont-ils nés sans bras ? Dimanche dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn a demandé l'ouverture d'une nouvelle enquête sanitaire. Objectif, tenter de déterminer l'origine de 14 cas de malformations dont la répétition et la localisation intrigue et inquiète.
Petit rappel des faits. Dans l’Ain, en Bretagne et dans les Pays de la Loire, entre les années 2000 et 2010, 14 enfants sont nés sans bras ou sans mains. Trois cas en Loire-Atlantique entre 2007 et 2008 dans la même commune de Mouzeil, quatre cas entre 2011 et 2013 en Bretagne à Guidel et sept dans l’Ain entre 2009 et 2014 dans le village de Druillat.
Des agénésies, c'est le terme médical, dont l’origine est pour le moment inconnue. Ces malformations intriguent par leur fréquence, leur répétition et leur concentration sur des lieux géographique restreints. Car ce type de malformations est habituellement très rare.
Santé Publique France, avait rendu un rapport le quatre octobre dernier sur ces signalements. L’agence de veille sanitaire a bien relevé un excès de cas en Loire Atlantique et en Bretagne mais sans identifier de cause. Pour l’Ain, l’agence a conclu à l’absence d’excès de cas. Pour les deux autres régions, Santé Publique France recommandait notamment un suivi particulier mais pas de nouvelles enquêtes en raison de l’absence d’hypothèse d’une éventuelle cause commune.
Ce qui a déclenché la colère des familles et des scientifiques qui avaient répertorié ces cas. Dimanche dernier, la ministre de la santé Agnès Buzyn et son homologue à la transition écologique François de Rugy ont donc demandé une nouvelle enquête de Santé Publique France et de l'Anses. Un vrai soulagement pour Isabelle Taymans-Gressin, jointe par Jean-Baptiste Labeur. Elle est la maman de Charlotte, 6 ans, née sans avant bras gauche à Guidel en Bretagne.
Quant au registre des malformations en Rhône-Alpes, le Remera, il avait signalé les cas de l’Ain en 2011. Sa directrice Emmanuelle Amar est donc aussi soulagée. Elle attend désormais une enquête totalement indépendante mais sa composition, à l’entendre, ne va pas être simple. Elle répond aux questions de Jean-Baptiste Labeur.
L'affaire se déroule aussi dans un contexte de querelle scientifique. Certains critiquant les méthodes statistiques utilisées par le Remera, et le Remera dénonçant la méthodologie de Santé Publique France. Par ailleurs le Remera, l’un des 6 réseaux de surveillance en France, était jusqu’à présent menacé de disparition après la suppression de plusieurs subventions.
Certains évoquent même un scandale sanitaire pour expliquer ces malformations, en mettant en cause les pesticides. C'est aujourd'hui l'une des pistes de l'enquête. Les mamans des bébés en question sont situées en zones plutôt rurales. Des cas de malformations ont d'ailleurs été constatés dans l'Ain, sur des veaux. Les spécialistes estiment que de multiples molécules peuvent causer ce genre de malformation.
Après les familles, des élus écologistes ainsi que plusieurs associations sont aussi montés aux créneaux. Après le rapport du 4 octobre dernier, six associations ont co-signé une lettre ouverte à la ministre de la Santé, en réclamant une enquête approfondie. Une vaste enquête qui s'annonce longue et complexe.
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