Benjamin Lavernhe : "incarner l'Abbé Pierre est une responsabilité, une mission"

“L’héritage de l’abbé Pierre est encore très vivant”. C’est le moins qu’on puisse dire. Fondateur d’Emmaüs, à l’origine de la Fondation Abbé Pierre et personnalité préférée des Français pendant plus de vingt ans, Henry Grouès de son vrai nom a marqué de son empreinte son engagement auprès des plus démunis. 

La nécessité d’une grande préparation

Lorsqu’il a finalement accepté ce rôle, le sociétaire de la Comédie-Française, Benjamin Lavernhe s’est vu confier une réelle mission. “Quand on incarne un tel homme on se pose la question de la crédibilité aussi. Est-ce qu’ils ont fait le bon choix de comédien ?”, s'interroge l’acteur. “Au début, j'ai été interloqué. L’abbé Pierre, il est petit et vieux. Mais en fait non, évidemment, il a eu une jeunesse”, sourit Benjamin Lavernhe. “Peu importe la taille et la ressemblance physique, la vérité d'un homme passe par bien autre chose : son indignation, sa compassion”, analyse-t-il.

Pour comprendre qui était vraiment l’homme derrière ce nom, Benjamin Lavernhe s’est longuement préparé. “Je suis allé à sa rencontre. J’ai essayé de savoir qui il était. Pour me sentir légitime, j’avais besoin de le rencontrer”. Pour cela, l’acteur a beaucoup lu sur son héros, “ses ouvrages les plus intimes”. 

L’abbé Pierre, un homme ambitieux 

Rapidement dans sa jeunesse, l’abbé Pierre sent qu’il est appelé pour faire de grandes choses. “Quand il a 18 ans, il dit 'je veux avoir mon bac et être un saint'. Il se voit à la tête d’une foule en marche”.

Ambitions importantes, qu’il le pousse même à s’interroger. “Il se dit 'j’ai cet instinct de domination’, il culpabilise, il pense que c’est de l’orgueil, ça le rend malade. Il faut qu’on avoir un peu d’ego”, poursuit Benjamin Lavernhe. “C’est ça qui m’a touché aussi, ce sont toutes les failles de l’abbé Pierre”.