Attentats de Nice, de Magnanville et de Saint-Étienne-du-Rouvray, contestation sociale autour de la loi Travail, mouvement Nuit debout, polémiques sur la déchéance de nationalité... L'année 2016 a été une année difficile pour un ministre de l'Intérieur. C'est ce que confie Bernard Cazeneuve dans "Le sens de notre Nation" (éd. Stock), un livre d'entretiens avec François Bazin. Il répond à Jean-Baptiste Cocagne.
En 2016, la menace terroriste était à son plus haut niveau, après les attentats de Paris et de Saint-Denis en novembre 2015. "C'est peu dire que les attentats m'ont changé en profondeur, écrit Bernard Cazeneuve, ils ont fait grandir en moi l'amour déjà irrépressible que j'avais pour mon pays."
En évoquant "un sentiment de compassion et de solidarité", l'ancien ministre gomme l'image du dirigeant froid et distant que l'on peut avoir parfois. Et quand il parle d'une "altérité qui conduit à se mettre à la place de l'autre", cela ne manquer de toucher un auditeur chrétien. "Quand le pays se trouve plongé dans un sentiment qu’est le chagrin, vous éprouvez pour votre peuple un sentiment profond de compassion et pour tous ceux qui sont frappés un sentiment profond de solidarité."
2016, c'est aussi l'année de l'assassinat du Père Jacques Hamel, le 26 juillet, dans l'église de Saint-Étienne-du-Rouvray. Face aux réactions des responsables catholiques, qui avaient alors multiplié les appels à la paix, l'ancien ministre confie avoir été touché. Bernard Cazeneuve écrit : "Le militant laïc que je demeure a ainsi vu les valeurs de la République et le message du Christ converger pour apporter la démonstration que le respect et la paix sont les véritables ressorts de la laïcité."
Des paroles qui peuvent sembler étonnantes de la part d'un ancien ministre, dans un pays comme le nôtre, jaloux de son principe de laïcité. Mais Bernard Cazeneuve rappelle que "la laïcité est un principe de tolérance, un principe de fraternité, un principe d’altérité".
Un principe de laïcité auquel Bernard Cazeneuve est attaché, et qui n'interdit pas à un ministre d'avoir une vie spirituelle, mais il ne tient pas à en dire plus. L'ancien ministre précise même que "la question de la spiritualité, du sens profond de l'existence, de la relation à autrui, de ce qui nous renvoie à l'univers dans sa part de mystère insondable, ce sont des questions qui peuvent occuper y compris un esprit laïc et rationnel"...
Il écrit tout de même : "Ces événements tragiques [les attentats, ndlr] ont suscité en moi un lien profond à la spiritualité que je ne cesse d'explorer encore aujourd'hui." D'ailleurs il s'en cache pas, Bernard Cazeneuve fréquente les textes sacrés et lit les Évangiles. Une lecture qui le "conduit à penser, depuis longtemps, que le message du Christ est l’un des messages universels humanistes les plus profonds".
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