Mardi 15 novembre, nous avons franchi la barre des 8 milliards d’êtres humains sur Terre. D’après les projections des Nations unies, nous serons 9,7 milliards d'habitants en 2050 avant d'atteindre un pic à 10,4 milliards vers 2080. Des chiffres qui donnent le vertige. À raison ? Doit-on craindre la surpopulation ? Comment faire ralentir cette courbe ? Nous avons posé la question à deux spécialistes.
"On n’échappera pas à ce surcroit de deux milliards d’humains en plus, affirme Gilles Pison, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques (Ined), la population mondiale est jeune, elle comprend une part importante de personnes en âge d’avoir des enfants. Et le vieillissement de la population fait qu’il y a une proportion faible de décès à l’échelle mondiale. Cette inertie démographique qui nous empêche d’être moins nombreux." Selon le démographe, qui signe l'article "8 milliards d’humains : sommes-nous trop nombreux sur Terre ?" sur le site The Conversation. aucune politique de contrôle de la population telle que celle de l’enfant unique en Chine - mise en place par Deng Xiaoping en 1979 et active jusqu’en 2015 – ne saurait arrêter cette courbe. "Il est illusoire de penser que l’on peut agir sur le nombre des humains, estime-t-il, on ne peut que favoriser un mouvement déjà en cours, et ne pas aller contre le souhait des familles."
Pour autant, Gilles Pison relativise : "Le gros de la croissance est derrière nous.", dit-il. En effet, si la population mondiale a été multipliée par plus de trois en 70 ans, elle continue désormais d’augmenter à un rythme moindre, en raison notamment de la baisse de fécondité. "Les femmes mettent au monde en moyenne de 2,3 enfants chacune, c’était plus du double il y a 50 ans", justifie le spécialiste, auteur d'un "Atlas de la population mondiale, (éd. Autrement, 2019). Bien sûr cette tendance s’observe principalement dans les pays développés, ailleurs la situation est plus contrastée. C’est surtout le cas en Afrique et en Asie où huit pays concentrent la moitié de la population mondiale. L’Inde est par ailleurs devenue cette année le plus pays le plus peuplé, devant la Chine.
Doit-on parler de surpopulation pour autant ? "Ce concept est ambivalent", estime René Valette, qui s’interroge : "C’est surpopulation par rapport à quoi ?" D’après le professeur émérite de géographie des populations et ancien président du CCFD - Terre Solidaire, "ce n’est pas le nombre d’habitants qui crée les difficultés de fournir à tous ce qui leur faut pour vivre dignement, c’est notre mode de production et de consommation dans les pays riches".
Un constat partagé par Gilles Pison qui y voit un grand défi : "Nos modes de vie sont à modifier. Il faut que les habitants des pays du nord, émettent moins de gaz à effets de serre, respectent la biodiversité et les ressources." Il ne s’agit pas de vivre moins bien, nuance-t-il, mais de vivre autrement. Le plus grand défi encore sera d’aider les pays en voie de développement à "ne pas copier nos modes de vie non durables", affirme le directeur de recherche à l’Ined. Pour cela, il faudra de l’imagination, des efforts et de l’aide des pays du Nord, qui ont une grande responsabilité, d’après le démographe.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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