Les Rohingyas sortent-ils de leur isolement ? Dans son angélus, dimanche, le pape a appelé au soutien de cette ethnie musulmane vivant entre la Birmanie et le Bengladesh, et qui subit depuis plusieurs années une véritable persécution de la part de l'armée birmane. Une prise de position risquée, alors qu’il doit se rendre en Birmanie, puis au Bengladesh entre la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre prochain.
Mais qui sont-ils vraiment ? Pour Mireille Boisson, coordinatrice Birmanie à Amnesty Internationnal France, les Rohingyas représentent "une population apatride mais vivant sur le territoire de la Birmanie ou du Myanmar, du côté Nord-Ouest. C’est une communauté musulmane. A l’origine, ils sont venus avec les Anglais, du temps où la Birmanie était britannique. Ils sont probablement venus de l’autre côté de la frontière, du Bengladesh ou du Pakistan, ce qui était à l'époque le Bengale oriental."
Elle ajoute qu'"ils représentent vraisemblablement 1,1 million d’habitants sur une population d’ensemble qui équivaut à celle de la France. Cette minorité musulmane vit dans trois districts. Les autorités birmanes ont privé cette ethnie du droit à la reconnaissance. L’Etat birman reconnaît 160 ethnies, mais brusquement, ils ont été privés de nationalité. Ils sont apatrides, ce qui est interdit par le droit international."
Récemment, des personnes issues de cette population rohingyas se seraient attaquées à des Birmans. "Il s’est passé exactement la même chose en octobre dernier. On dit que des personnes vivant de l’autre côté de la frontière auraient attaqué des postes de l’armée. L’an dernier, il y a eu une répression terrible qui a duré plusieurs mois avec des villages brûlés, des rohingyas assassinés, des civils qui se trouvaient là au milieu qui ont aussi été passés par les armes".
Des faits intervenus dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Ce qui est troublant. Jeudi dernier, en effet, était le jour où la Commission de l’ONU présidée par Kofi Annan, rendait son rapport sur les Rohingyas, demandant aux autorités birmanes de faire toute la lumière sur les exactions commises contre cette ethnie, ces dernières années.
Aujourd’hui, il semble que les droits des Rohingyas sont défendus sur le plan international. Malgré la position ambigüe du chef du gouvernement birman, le prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi. "Elle est surtout très birmane. Or un bon Birman est bouddhiste. Quand elle était en visite à Paris pour la première fois, elle était remarquablement silencieuse sur la question des Rohingyas. Elle a forcément une pression de la part des militaires, mais elle n’aurait pas dû attendre si longtemps pour condamner les exactions. Elle n’a pas aidé la commission de Kofi Annan sur ce sujet" conclut Mireille Boisson.
Mireille Boisson, coordinatrice Birmanie à Amnesty Internationnal France, interrogée par Christian Vadon:
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