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Le 31 janvier 2020, le Royaume-Uni, quittait officiellement l'Union européenne. Le gouvernement britannique célébrait ce divorce en grande pompe. Mais cinq ans après le bilan n’est pas à la hauteur des promesses des Brexiteurs. Les Anglais semblent même regretter cette séparation.
Cinq ans après la rupture, moins de trois Britanniques sur dix estiment que le Brexit était une bonne chose, selon un sondage Yougov publié mercredi. 55 % seraient même favorables à un retour dans l’UE. Y compris 20 % d’électeurs qui avaient voté pour la séparation lors du référendum de 2016 avant une sortie difficile de l'UE.
"Il existe une large majorité de Britanniques prêts à dire que le Brexit n'a pas été une bonne chose. Mais de là à dire qu'ils seraient prêts ou favorables à l'organisation d'un nouveau référendum, c’est beaucoup" nuance Thibault Harrois, maître de conférence en civilisation britannique à l’université Sorbonne-Nouvelle Paris 3.
Mais désormais, il existe un mot pour désigner cet état d’esprit outre-manche : le "Bregret". "Les Britanniques sont déçus, car ils se rendent compte que leur pouvoir d'achat a baissé dans l'ensemble" explique Sophie Loussouarn, spécialiste de l'histoire politique et économique du Royaume-Uni à l’université de Picardie et auteure de "Brexit and its Aftermath" aux éditions Bloomsbery. "Les gouvernements conservateurs successifs, n'ont pas réussi à faire sentir les conséquences positives que le Brexit" ajoute Thibault Harrois. "Les promesses des partisans du Brexit, ne se sont pas du tout révélées, justifiées. Notamment l'idée que la sortie de l'UE allait permettre de faire des économies pour pouvoir, par exemple, être investies dans le système de santé. Aujourd'hui, ce système de santé est toujours exsangue".
Les économistes britanniques eurosceptiques ou pro-européens, s’entendent sur le fait que la sortie de l’Union européenne a impacté négativement l’économie nationale. Selon les analyses, plus ou moins pessimistes, le Royaume-Uni aurait perdu de 2 à 5 points de PIB. "Le Brexit a fait baisser les investissements au Royaume-Uni d'environ 15 %, a réduit la croissance économique et a augmenté l'inflation" constate Sophie Loussouarn. "Il a réduit les échanges commerciaux avec les 27. 20 000 entreprises ont cessé d'exporter vers l'Union européenne. La conséquence du Brexit, c'est que les exportations de biens ont chuté de 3,4 % depuis 2021".
Pour Thibault Harrois: "le Royaume Uni n’a pas connu un choc économique brutal dès son départ mais une lente dégradation" impliquant aussi la pandémie de Covid et la guerre en Ukraine.
Les partisans du Brexit espéraient aussi un contrôle plus fort des frontières. Pourtant, l’immigration n’a jamais été aussi élevée. Avec la fin de la libre circulation et l’obligation d’un visa, le nombre de travailleurs européens a diminué, mais leurs départs ont été plus que compensé par les arrivées en provenances d’autres pays du monde.
En revanche, les Britanniques ont désormais un cadre pour édicter leurs propres normes avec l’espoir d’attirer des investissements. Mais les accords commerciaux, promis par Boris Johnsson, dans le cadre du "Global Britain" avec des pays comme les Etats-Unis et l’Inde tardent à se concrétiser.
Dans ce contexte, le Royaume-Uni ouvre timidement la porte à un rapprochement avec l’UE. L’Europe tend des perches par exemple pour qu’il puisse adhérer à la Convention paneuro-méditerranéenne permettant de réduire les droits de douane. Pour Sophie Loussouarn, "l’atmosphère a un peu changé entre les deux partenaires depuis la guerre en Ukraine puis la victoire des travaillistes aux dernières législatives".
Le nouveau Premier ministre, Keir Starmer, avait voté en faveur du maintien dans l’UE en 2016. Il a cependant rejeté tout retour au sein de l’Union. Le dirigeant travailliste va assister à son premier sommet informel avec les chefs de l'Union européenne le 3 février. Un sommet entre le Royaume-Uni et les 27 aura lieu en avril 2025.
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