Grâce à l’agroécologie, les populations du Lac Nagitamo au Burundi ont réussi à s’adapter aux impacts du dérèglement climatique et à accroître leur production alimentaire. Les précisions de Stéphanie Gallet.
Sur l'arrière-plan de la photo, on peut voir une grande étendue d'eau entourée d'une belle nature plutôt verdoyante. Quant au premier plan, nous sommes dans une sorte de petit sous-bois clairsemé. La première chose que nous voyons sur la gauche de la photo, c'est un homme de dos. Il a un jerrican jaune à la main. Il est en contre-jour et sa silhouette sombre se détache du paysage. Il occupe tout la hauteur de l’image. Le photographe a cadré la photo au plus près et il manque un peu du haut de son crâne et ses pieds, ce qui donne une impression de mouvement, il s’avance vers l’eau, il est en train de rentrer dans le cadre.
Sur la droite et un peu plus près de l’eau, il y a d'autres jeunes hommes, ils ont tous un jerrican posé à côté d'eux, des jerricans du même jaune pâle lessivés par le soleil. Il y a d'ailleurs plus de jerricans que de porteurs d'eau. Car c'est bien de cela dont il s'agit : aller chercher de l'eau pour aller livrer ce liquide précieux un peu plus loin grâce aux vélos que l'on voit de part et d'autre de l'image.
Nous sommes au bord du Lac Nagitamo, dans le nord du Burundi. Avec fierté et à la force de leurs bras, ces villageois de la colline Kigoma puisent l’eau nécessaire pour les besoins de leur village. Si les populations peuvent à nouveau se nourrir et s’approvisionner en une eau saine et de qualité, c’est grâce à une mobilisation collective et à l’instauration de pratiques agroécologiques pour lutter contre l’érosion des sols. Car ici on revient de loin. Il y a encore quelques années, les pluies dans la région, devenues irrégulières, imprévisibles et violentes à cause du dérèglement climatique, provoquaient des torrents qui balayaient les collines. À chaque intempérie, le lac Nagitamo devenait alors trouble et pollué. Les poissons ont commencé petit à petit à disparaître, fuyant vers des cours d’eau plus clairs.
En 2016, face à l’insécurité alimentaire qui gagne du terrain, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise avec son partenaire régional Inades-formation. Les habitants et habitantes sont formées et accompagnés et ensemble ils plantent des ceintures d’arbustes pour fixer et nourrir les sols. Ils creusent des fossés pour évacuer la pluie. Puis, ils bouturent tout autour du lac, des umureras : une variété de plantes qui permet de protéger et de solidifier les berges grâce à ses épines.
En l’espace d’une année, les résultats sont spectaculaires. Grâce à des méthodes simples et respectueuses de l’environnement, l’érosion a été contenue, les plantations protégées et le lac assaini. Les rendements agricoles ont accru de 60% et le lac foisonne à nouveau de poissons.
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