L’archevêque de Montpellier, Monseigneur Norbert Turini, a pris cette décision mercredi suite à la visite canonique qu’il a demandée fin février après des signalements de salariés et d’anciens Cap Missionnaires. Cette visite a été menée par Mgr Jean-Pierre Batut, évêque auxiliaire de Toulouse, et une laïque, Marie Dominique Corthier, ancienne directrice du centre spirituel Jésuite Coteaux Païs à Toulouse.
Sans en dévoiler davantage, le rapport évoque un mal-être chez des jeunes parfois fragiles sur le plan psychologique et spirituel et qui ne bénéficiaient pas de l’écoute dont ils avaient besoin. Certains témoignages mettent en évidence une forte pression psychologique et des difficultés à retourner à la vie civile après une année intense. L’archevêque souligne également que des Cap Missionnaires sont ressortis "blessés" et "en souffrance". Les visiteurs précisent que la plupart des jeunes passés par Cap Missio en gardent un bon souvenir et que cette année leur a permis de se trouver.
Comment ces dérives ont pu se produire dans un établissement pourtant réputé, moderne et tourné vers l’extérieur ? La visite a surtout mis en évidence un vrai problème de gouvernance de Cap Missio. Le père René-Luc cumulait effectivement les rôles de fondateur, directeur, responsable du fonds de dotation de l’école mais aussi aumônier des jeunes. Une multiplication des responsabilités "préjudiciable" pour le fonctionnement de l’école expliquent les visiteurs. Il évoque ainsi une "crise de croissance", estimant que le succès de Cap Missio a conforté le père René-Luc dans ses choix, en dépit d’une évidente concentration des pouvoirs.
Cette visite canonique pose aussi la question de la responsabilité du diocèse : le précédent archevêque, Monseigneur Pierre-Marie Carré était au courant du fonctionnement problématique de Cap Missio. Monseigneur Turini lui a déclaré qu’il prenait lui aussi ses responsabilités, estimant qu'il aurait dû être plus vigilant sur les questions soulevées par l’enquête.
La visite canonique a conduit l'archevêque à suspendre définitivement le Père René-Luc de ses fonctions au sein de Cap Missio. L’école, elle, n’accueillera pas de nouvelle promo pendant un an, le temps de réfléchir à une gouvernance plus équilibrée. Le Père René-Luc reste sur le diocèse de Montpellier, l’archevêque lui confiera une nouvelle mission que l’on ne connaît pas encore. Le futur du couple co-gestionnaire et de la gouvernante de Cap Missio n’a quant à lui pas été évoqué.
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