Caroline Hayek connaît sans doute mieux que personne le Liban actuel. Journaliste pour le quotidien L’Orient-Le Jour, elle a reçu en novembre dernier le prix Albert Londres pour une série de reportages sur la situation dans son pays.
Des anonymes qui ont tout perdu. Des vies fauchées. C’est pour ne pas qu’on oublie les morts de Beyrouth que depuis plusieurs mois, Caroline Hayek écrit. Journaliste au quotidien L’Orient-Le Jour, elle a reçu en novembre dernier le prix Albert Londres pour une série de reportages consacrés à la population d’une ville dévastée. "Je n’ai pas vécu l’explosion, j’étais en France. Je voulais à tout prix rentrer pour constater ce qui s’était passé. Cela a été un grand choc pour moi de découvrir la ville dans laquelle j’ai grandie totalement dévastée" explique-t-elle sur RCF.
A Beyrouth, il y a un avant et un après 4 août 2020. Depuis l’explosion, beaucoup de choses ont changé. En rentrant au Liban, Caroline Hayek est marquée par les visages des gens qu’elle croise dans la rue. "Je voulais m’immiscer dans leur intimité. Et je voulais commencer par les réfugiés syriens. J’ai traité la guerre en Syrie pendant six ans. Je trouvais qu’on ne mettait pas assez l’accent sur ces personnes-là. […] Ils ont eu des parcours exceptionnels. Ils ont pensé pouvoir refaire leur vie dans ce pays voisin. Ils ont subi le racisme ici" ajoute la journaliste.
Aujourd’hui, les gens sont en colère. "Beaucoup pensent que les responsables politiques étaient au courant de ce nitrate d’ammonium stocké dans le port de Beyrouth et qu’ils n’ont rien fait. Ils ont laissé cette masse dangereuse pourrir dans des conditions déplorables. Personne n’est venu au chevet des survivants et des familles des victimes. Ils ont dû compter sur la solidarité des uns et des autres, les associations. Mais certains n’ont rien reçu. Pour l’instant ce qui leur importe c’est de pouvoir trouver à manger, trouver de l’essence, trouver de quoi se chauffer. Les conditions sont tellement terribles qu’ils ne pensent plus à l’explosion" lance Caroline Hayek.
Malgré cela, il demeure une forme d’espérance. Par les dons, par le travail des associations et des paroisses sur place. Et par la solidarité très forte. "Les Libanais sont très solidaires. On a reçu beaucoup de dons de l’étranger qui commencent à être distribués. Il y a beaucoup d’associations et de paroisses qui travaillent" témoigne la journaliste, qui explique avoir vu des gens qui n’avaient pas l’habitude de pousser la porte des associations venir demander de l’aide.
Son travail de journaliste sur place a été récompensé en novembre dernier par le Prix Albert Londres. "C’était très émouvant de recevoir un prix aussi prestigieux. C’est un honneur immense. Je n’y croyais plus. J’étais très déprimée par la situation. Cela m’a reboosté et c’est aussi un très grand honneur pour L’Orient-Le Jour, un journal indépendant qui se bat au quotidien. Ce prix c’était pour moi mais aussi pour toute les équipes qui restent malgré tout" conclut-elle au micro de Pauline de Torsiac.
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