Caroline Teanor Le Gargean: "Les EDC ont tout changé dans ma vie"

Quelles sont les spécificités de ces Assises des EDC ? 

On se réunit pour réfléchir sur un thème, pour partager, pour s'enrichir, pour prier et pour grandir. Tous les deux ans c'est régional et tous les deux ans c'est national. 

Les EDC c'est quoi ? 

Tout est dans le sigle. Entrepreneurs, dirigeants, chrétiens. C'est un mouvement qui est né en 1926 qui a pour objectif de rassembler tous les entrepreneurs et dirigeants. Quand je dis tous, c'est tous ! Très grandes entreprises, toutes petites, petite PME ou TPE. Tous les dirigeants, tous ceux qui sont en responsabilité et qui sont chrétiens, catholique, protestant et nous avons aussi des frères et sœurs orthodoxes. L'objectif, c'est de se poser la question de la foi. Essayer d'aller vers le bien commun, pour appliquer très concrètement dans nos entreprises la doctrine sociale de l'Eglise pour les catholiques, la pensée sociale chrétienne au sens plus large.

comprendre comment faire pour que la foi et nos responsabilités ne fassent qu'un 

Comment être chrétien avec nos salariés, dans notre management ? 

Beaucoup de ceux qui arrivent dans le mouvement, ça a été mon propre cas, pensaient qu'il y avait la foi et puis il y avait notre rôle de dirigeant et entrepreneur et qu'il y avait une certaine réalité technique financière à avoir et que les deux pouvaient difficilement se concilier. En fait c'est une grossière erreur. Le contexte s'y prête, les temps s'y prêtent et on chemine pour comprendre comment faire pour que la foi et nos responsabilités ne fassent qu'un. 

Cette année la thématique c'est "à travers ses fragilités explorer ses talents pour révéler ceux des autres". C'est pas quelque chose de naturel quand on parle d'un dirigeant d'explorer ses talents pour révéler ceux des autres. Comment fait-on cela ? 

C'est justement tout l'enjeu de ces Assises. C'est d'explorer le thème de la fragilité et le thème des talents et de changer nos regards d'entrepreneurs et dirigeants et comprendre que c'est pas du tout antinomique avec la réalité quotidienne, c'est comprendre ce que signifie "les fragilités", c'est comprendre ce que signifie "les talents" et puis en faire des vecteurs de transformation. 
Nous allons avoir une anthropologue et aussi un docteur en économie qui viendra nous l'expliquer de façon très concrète. 

on a tous des talents différents et donc des fragilités différentes 

Parce qu'un entrepreneur peut avoir des doutes, peut être fragile dans ce monde en 2025 où toutes les erreurs nous sont très vite reprochées ?

Personnellement je pense que c'est le fait d'être humain, c'est ce que dit d'ailleurs Jésus dans l'Evangile. Tout humain a ses fragilités, c'est ce qui fait notre force. L'erreur c'est de croire que c'est un obstacle et quand on est entrepreneur on se dit "finalement je suis avec des personnes où moi même j'ai une fragilité, je vais l'écarter, le bloquer, le cacher". En fait c'est une profonde erreur. On en revient d'ailleurs à la parabole des talents qui nous dit finalement que l'on a tous des talents différents et donc des fragilités différentes. La question ce n'est pas d'arriver à un objectif, c'est plutôt de savoir ce qu'on va en faire, de savoir comment on va se transformer, transformer les autres et donc transformer la société.

Des ateliers sont prévus pour justement travailler ce thème cette année lors des Assises. Quels sont-ils et comment se déroulent ces ateliers ? 

L'idée c'est qu'après une matinée où il y aura une table ronde et des échanges, on va nous expliquer toutes ces thématiques de fragilité et de talent. L'après-midi on va travailler sous forme d'ateliers avec des outils pour mieux comprendre de quoi on parle, voire même de l'approfondir aussi sur le plan spirituel.
 

Vous avez déjà participé à ces Assises lorsqu'elles étaient en Corse il y a deux ans, qu'est-ce que vous en avez retenu personnellement ?

C'était au monastère de Corbara en Corse. Si je peux le dire directement c'est une claque. On arrive en pensant qu'on sait ce qu'on va recevoir et en fait on est complètement transformés. On a eu des échanges aussi avec des personnes qui ont parlé de toutes leurs difficultés lors de la période du Covid, comment est-ce qu'on travaille avec une entreprise qui est en difficulté ? Comment travailler avec une entreprise qui ferme ? Moi ça m'a profondément émue, touchée et quelque part ça fait le lien avec ce thème que l'on va approfondir le week-end prochain.

Comment êtes vous entrée dans les EDC ?

Je dirais que ça correspondait à une époque de ma vie où je me posais beaucoup de questions. Il y a un moment où on finit par être un petit peu trop dans le grand écart et il arrive un stade où ce n'est plus tenable, ce qui a été mon cas. Être chrétien et travailler en entreprise, non seulement c'était conciliable, mais en fait c'était les deux en même temps. 

partager une autre façon de voir ceux qui sont autour de moi 

Qu'est-ce que ça a changé dans votre vie ? 

Tout. C'est comme si j'avais mis des lunettes. C'est une façon de voir les choses différemment, d'abord se voir soi-même différemment, d'accepter... mes propres fragilités, de comprendre mes talents et de me dire que je suis tout ça. Il fallait que je l'accepte et que j'aille de l'avant et me dire que je n'étais pas seule. En l'occurrence, comprendre qu'on avance et que Jésus est là et que, quelque part, il nous dit comment avancer. Quand on lit l'Evangile, quand on connaît la pensée sociale chrétienne, on sait qu'on a un chemin. Et moi, ça m'a transformée. Je regardais mes collègues différemment, je me suis regardée différemment. Ça peut paraître un petit peu un grand mot, mais partager une autre façon de voir ceux qui sont autour de moi, les hommes et les femmes, pour espérer que ça puisse se diffuser.

Pour plus de renseignements: lesedc.org