Empêtré dans son image de président des riches, en cette rentrée, Emmanuel Macron joue la carte sociale. Le chef de l’Etat présente son plan de lutte contre la pauvreté aujourd’hui. Ce plan pauvreté prévu pour juillet avait ensuite été décalé à septembre. Depuis il y a eu des rétropédalages. Emmanuel Macron s’est rendu lundi dans un centre d’ATD Quart Monde. Mais ce plan pauvreté vise selon le vocabulaire présidentiel à "lutter contre les inégalités de destins". Bien dans la philosophie de cette petite phrase.
Selon les derniers chiffres de l’INSEE publiés cette semaine, le taux de pauvreté globale est en légère baisse, de 0,2 point par rapport à celui constaté en 2015. La France comptait en 2016 quelque 8,8 millions de personnes pauvres, soit 14% de la population. On considère comme pauvres celles et ceux qui perçoivent moins de 1.015 euros par mois (pour une personne seule). C’est-à-dire moins de 60% du revenu médian de la population.
Selon l’observatoire de la pauvreté et de l’exclusion, une partie de la pauvreté est réversible pour les personnes proches du seuil de 1015 euros. La preuve avec cette baisse constatée par l’INSEE qui pourrait être liée notamment à la prime d’activité. Mais cela ne marche pas pour la grande pauvreté, comme l'explique Jérôme Vignon, président de l’observatoire de la pauvreté.
Sur le terrain, les associations constatent d'importantes disparités. Cela dit, c’est bien une même tendance globale constaté par exemple à Angers avec le président du secours populaire, Stéphane Lepage. Pour Jérôme Vignon, président de l’observatoire de la pauvreté, comme l'explique de nombreuses analyses, les minimas sont efficaces. Sans eux le taux de pauvreté serait beaucoup plus élevé. Mais ils empêchent parfois le retour à l’emploi.
Parmi les pistes envisagées dans ce plan, donc une réforme du RSA pour plus d’accompagnement. Mais c’est un vieux serpent de mer. Julien Damon, sociologue, chercheur associé à Sciences Po, a remis un rapport au gouvernement cette semaine avec de nombreuses propositions sur le sujet.
Parmi les autres pistes du plan pauvreté, on retrouve d’autres mesures autour de l’accès à l’emploi. L'État prévoit d'étendre l'obligation de formation à 18 ans, de généraliser le "tiers-payant" de complément de garde à domicile pour décharger les parents au chômage. Mais aussi d’ouvrir 30.000 places de crèches pour lutter contre la pauvreté des enfants. Il souhaite aussi lancer des réflexions sur la couverture santé devenue très complexe comme le rappelle Julien Damon.
Mais les attentes des associations portent aussi sur d’autres sujets. Comme le logement par exemple. C’est un point essentiel pour les exclus, et notamment, parmi eux, les sans-abris. C'est ce qu'explique Géraldine Franck, présidente du Collectif des morts de la rue. Le porte parole du gouvernement Benjamin Grivaux a indiqué que ce plan pauvreté représenterait huit milliards d'euros sur quatre ans. Ce plan doit entrer en en vigueur au 1er janvier prochain.
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