Décryptage du profil psychologique du suspect avec Héloïse de Neuville, journaliste à La Croix, auteure d’une enquête sur le suspect du meurtre du père Olivier Maire, au moment de l’incendie de la cathédrale de Nantes.
Emmanuel Abayisenga. En l’espace de quelques mois, ce nom revient à deux reprises dans la vie des catholiques de France. En 2020, à l’occasion de l’incendie de la cathédrale de Nantes, où il occupait la fonction de sacristain. Puis en ce triste lundi 9 août dernier, lorsqu’il vient se rendre auprès de la brigade de gendarmerie de Mortagne sur Sèvre, s’accusant du meurtre du père Olivier Maire.
Héloïse de Neuville connaît bien ce ressortissant rwandais. Au moment de l’incendie de la cathédrale de Nantes, elle lui a consacré une grande enquête dans le quotidien La Croix. Elle y dresse le portrait d’un homme très fragile psychologiquement. "Pour moi c’est un polytraumatisé. Il nait au Rwanda au début des années 80. Il a douze ans lorsque le génocide survient. Lui-même fait partie d’une famille de Rwandais dont plusieurs membres auraient été condamnés pour leur participation au génocide. Il grandit dans cette atmosphère de violence extrême. Il devient ensuite policier, mais reste un garçon fragile. En arrivant en France, il demande l’asile, et il lui est refusé" explique-t-elle.
La France pouvait en effet être l’occasion d’un renouveau. Pourtant il enchaîne les déconvenues. "Il reçoit l’obligation de quitter le territoire français. Les problèmes de santé s’accumulent et l’empêchent de travailler, de faire une rencontre amoureuse. Beaucoup de portes se ferment durant son séjour. On peut utiliser le terme de descente aux enfers en sachant que dans le même temps il est épaulé et aidé par la communauté catholique" ajoute la journaliste.
Lors de l’incendie de la cathédrale de Nantes, la journaliste essaie de comprendre ce qui a pu se passer dans la tête de cet homme, qui finit finalement par se retourner contre la communauté qui l’a aidé. "Il y a quand même un indice qui donne à penser qu’il était dans une forme de délire mystique. La veille de son geste incendiaire, il a envoyé à plusieurs de ses contacts un message dans lequel il se sent menacé par une présence diabolique au sein de la cathédrale. Il est déjà dans l’ordre de l’irrationalité et de la paranoïa la veille de son geste. Ce qui est certain, c’est qu’il a des antécédents psychiatriques lourds pour lesquels il n’a jamais été prise en charge" conclut-elle.
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