Après 10 jours de violents affrontements entre Israël et le Hamas palestinien, mouvement au pouvoir dans la bande de Gaza, les deux parties sont parvenues à un cessez-le-feu le 20 mai. Plus de 240 personnes sont mortes, en majorité des Palestiniens. De nombreux observateurs, à l’instar du président américain Joe Biden, espèrent qu'il s'agit d'une première étape vers la paix mais la situation reste fragile. Charles Enderlin a été correspondant à Jérusalem pour France 2 de 1981 à 2015. Il publie "De notre correspondant à Jérusalem - Le journalisme comme identité" aux éditions Don Quichotte.
Après le cessez-le-feu déclaré il y a près d’une semaine, à quoi faut-il s’attendre désormais ? Un retour à la normale semble encore difficile à envisager. "La normale à l’heure actuelle c’est l’arrêt des combats des deux côtés. Les Egyptiens ont entamé une médiation pour tenter de parvenir à autre chose qu’un simple arrêt des combats. D'abord, il faut faire entrer l’aide humanitaire dans Gaza. Il faut négocier la reconstruction. On n'y est pas encore. Selon les experts militaires israéliens, cela risque de créer de nouveaux combats", explique Charles Enderlin.
Pour entamer un processus de paix, un dialogue est nécéssaire. Mais est-il encore possible ? "Entre Israéliens et Palestiniens oui mais avec le Hamas c’est tout autre chose", répond l’ancien correspondant à Jérusalem. Par ailleurs, "Benjamin Netanyahu est essentiellement intéressé à obtenir des cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza mais ne veut absolument pas faire processus de paix avec l’autorité autonome, le Fatah [au pouvoir dans la Cisjordanie, NDLR], parce que cela implique des concessions territoriales. Le développement des colonies se poursuit. Il n'y a pas encore d’annexion formelle mais sur le terrain ça progresse", estime Charles Enderlin.
Pour le journaliste, ce conflit est politique. Pour autant, le Hamas le place sur la plan religieux. "En se présentant comme le défenseur des saintes mosquées de Jérusalem, le Hamas est un mouvement religieux et sa volonté est de placer le conflit avec Israël sur le plan religieux", affirme l’ancien correspondant à Jérusalem. Concernant l’esplanade des mosquées, "tout événement qui aurait lieu sur cette esplanade peut allumer la région".
Les derniers affrontements ont été très relayés sur les réseaux sociaux, par les jeunes notamment. "Ils voient les choses différemment. Les jeunes veulent autre chose et sont plutôt en faveur d’une solution à deux Etats. Vous avez cette jeunesse qui se sent discriminée", affirme Charles Enderlin. Face à la situation, "la couverture du Proche-Orient est largement insuffisante", selon Charles Enderlin.
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