Henrichemont
Les personnes fragiles sont éloignées des soins bucco-dentaires, ce qui peut avoir des conséquences sanitaires. C'est le bilan d'une expérimentation menée dans le Cher durant 4 ans. Des dépistages gratuits ont été proposés dans les structures comme les EHPAD.
Ils sont essentiels, mais passent malheureusement trop souvent à la trappe. Les soins bucco-dentaires sont négligés, alors même que les pathologies sont fréquentes et peuvent avoir des conséquences. L'accès a ces soins n'est pas toujours facile, notamment pour les personnes fragiles. Durant 4 ans, le GHT 18 (Groupement hospitalier de territoire, qui regroupe les hôpitaux du département) a proposé des dépistage bucco-dentaires gratuits pour ces populations. L'expérimentation avait lieu dans le cadre de "l'article 51", qui permet de mener des projets innovants dans le domaine de la santé, et a été entièrement financé, à hauteur de 600 000 euros. Lancée en 2019, l'expérimentation vient de se terminer. Place donc au bilan.
En 4 ans, ce sont 4 432 dépistages qui ont été effectués dans 63 structures du département, qui accueillent des personnes fragiles comme les EHPAD, les IME ou les foyers d'accueil médicalisés, entre autres. Ils ont été réalisés sur place par des infirmières à l'aide de caméras endo-buccales. Les images ont ensuite été envoyées à un chirurgien-dentiste : « On a prouvé qu'on pouvait réaliser des actes de télé-expertise en matière de soins bucco-dentaires » se réjouit Yasamine Barouksaï, directrice de cabinet au Centre hospitalier Jacques Cœur. C'est une première victoire : « Les chirurgiens-dentistes du projet ont analysé des clichés, photos, vidéos et ont réussi à fournir à ces 63 structures des bilans bucco-dentaires tout à fait efficaces et efficients. »
Ce vaste dépistage fournit une cartographie assez précise de la situation dans le département. Le bilan confirme que les personnes fragiles sont éloignées des soins bucco-dentaires, puisque 76 % des dépistages ont débouché sur une préconisation de consultation. Maintenant, il faut trouver des solutions : « Le dépistage, c'est bien, mais encore faut-il que les soins soient prodigués ensuite... » analyse Yasamine Barouksaï, un peu frustrée : « On reste sur notre faim. Pour autant, je suis persuadée que nous pouvons capitaliser sur ce projet et faire en sorte que nos personnes en situation de fragilité dans ces structures puissent bénéficier de soins bucco-dentaires. »
Pour ces personnes fragiles, âgées, ou en situation de handicap, il n'est évidemment pas facile de se déplacer. Compliqué également de trouver un dentiste dans le Cher. Alors pour assurer ces soins, le GHT 18 pourrait mettre en place un bus bucco-dentaire qui sillonnerait les routes du département : « C'est un projet qui permettrait à ces personnes de bénéficier de soins directement dans les structures, ou sur le parking s'il s'agit d'un bus. Évidemment, on ne pourra pas réaliser ce que l'on fait au bloc opératoire du Centre hospitalier Jacques Cœur. Par contre, s'il s'agit de premiers soins, de faire un détartrage ou d'arracher une dent, on pourrait l'organiser. »
Des soins bucco-dentaires qui sont donc trop négligés ; dans les EHPAD, certains résidents n'ont parfois même pas de brosse à dents. 5 000 euros de brosses et dentifrices vont être distribués prochainement dans certaines structures du département. À noter que ce projet était le premier "article 51" lancé en Centre-Val de Loire. Reste maintenant à voir si les pouvoirs publics vont s'emparer de cette expérimentation berrichonne pour la généraliser... ou la laisser au fond d'un placard.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
Bourges
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !