67 hectares de panneaux solaires en grande partie installés dans un village de... 60 habitants. C'est le projet d'agri-photovoltaïsme qui pourrait voir le jour à Parnay dans le Cher. Ce serait l'un des plus grands de la région Centre-Val de Loire. Les riverains s'y opposent et craignent pour leur paysage de campagne.
Parnay, un petit village d'une soixantaine d'habitants, entouré d'un paysage typique de champagne berrichonne avec des plaines à perte de vue et un peu de forêt : « C'est très tranquille ! Pas beaucoup de voitures, des animaux des arbres... C'est la nature ! » se réjouit Aurélie Bieszczad, une riveraine. Ce décor pourrait prendre du plomb dans l'aile. La construction d'un grand parc photovoltaïque est en projet. Une emprise de 100 hectares, dont 67 hectares de panneaux solaires qui seraient installés en grande majorité sur la zone de Parnay, et une petite partie autour de la commune voisine de Dun-sur-Auron : « Ils vont recouvrir toutes nos terres agricoles et naturelles ! » déplore Aurélie Bieszczad, la Présidente de l'association C.A.P.P.E (Collectif d'actions pour la préservation et la protection de l'écosystème) qui milite contre ce projet. « Ce parc va entourer nos habitations avec des panneaux de 3,30 mètres de hauteur. Le paysage va être industrialisé et la biodiversité va changer. On ne verra plus les animaux qu'on croisait ». Elle s'inquiète aussi pour son activité : « J'organise des randonnées avec des ânes au milieu de paysages naturels. Ça va être compliqué d'expliquer qu'on va se balader au milieu d'une centrale de panneaux photovoltaïques... »
C'est une mauvaise surprise pour Anthony, installé depuis deux avec sa famille dans une maison éclusière de charme au bord du Canal de Berry. « On n’était pas du tout au courant au moment où l'on a acheté la maison. On est tombés des nues quand on a su que l'environnement allait changer ». Des panneaux solaires pourraient en effet se retrouver à une trentaine de mètres de son domicile : « Quand je vais sortir de chez moi pour aller me promener avec mes enfants et mes animaux, ce sera moche, ça va couper toute la beauté de la nature ». Le paysage pourrait aussi changer autour de la maison de Jean-François Verdon, le Secrétaire de l'association C.A.P.P.E. Il ne comprend pas le choix du terrain, alors que les terres sont cultivables : « Il y a des endroits qui sont déjà artificialisés et qui s'offrent à ce genre d'exploitations. L'expert qui a été missionné dit que c'est une terre à faible rendement agronomique. Mais j'observe que mon voisin qui a acheté ses terres il y a une dizaine d'années fait des productions relativement convenables. C'est dommage de sacrifier des terres céréalières, même si elles n'ont pas les rendements de la Beauce ».
La Chambre d'agriculture a émis un avis défavorable au projet. Une compensation agricole est néanmoins prévue. Les terres cultivables seront transformées en prairies pour de l'élevage ovin : « Il y aura 250 brebis qui vont paître sur nos terres, qui pour l'instant produisent du blé, du tournesol... Ce n'est pas suffisant. Et comment on fait passer les brebis ? On se pose des questions » s'interroge Aurélie Bieszczad. L'enquête publique se poursuit jusqu'au 5 avril. Ce sera ensuite au Préfet de prendre sa décision pour le permis de construire. De son côté, la Mission régionale d'autorité environnementale du Centre-Val de Loire jugeait dans un avis rendu en 2023, que l'impact du projet sur l'environnement avait été sous-évalué par le promoteur.
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