C’est une expérience hors du commun qu’ont vécue 15 volontaires au printemps dernier : vivre 40 jours dans une grotte, en Ariège, sans lumière du jour, ni montre ou téléphone. L’objectif : mener des études sur le cerveau et connaître les adaptations de l’être humain quand seul son rythme biologique peut le guider. "Deep time - 40 jours sous terre" (éd ; Robert Laffont), c’est le nom de cette expérience, et du livre qui en est tiré. On en parle avec son auteur Christian Clot, explorateur des milieux extrêmes, qui a imaginé et participé à l’expérience.
Le 14 mars 2021, la grille de la grotte de Lombrives, en Ariège, s’est refermée sur sept femmes et huit hommes. Des volontaires prêts à y rester 40 jours sans aucune information temporelle, dans un univers nocturne, humide à 100% et par une température constante de 10°C.
Depuis longtemps fasciné par les expériences d’enfermement, comme celles de Michel Siffre dans les années 60, l'explorateur Christian Clot a eu un déclic avec le Covid. Lorsqu’il a vu que "beaucoup de gens perdaient la notion du temps, avaient des difficultés à s’adapter, à se projeter dans le futur", il a eu envie de mener cette expérience d’envergure.
Avoir pour seul repère le rythme biologique de son corps, une expérience inédite pour ces 15 volontaires recrutés par Christian Clot et son équipe. Le plus difficile, c’est la première nuit, raconte-t-il. Et surtout le premier réveil : d’habitude on regarde sa montre pour savoir si on a assez dormi. Là, il faut écouter son propre corps. "C’est des sensations très particulières, il faut réapprendre à s’écouter, puis petit à petit, écouter les rythmes du groupe."
S’il a choisi la grotte de Lombrives, en Ariège, c’est qu’elle est "extraordinairement belle", et suffisamment vaste pour y vivre - ce n'était pas une expérience de survie. Les participants avaient un espace où dormir, un lieu de vie pour manger et être ensemble et un endroit dédié aux études. Ils pouvaient aussi à loisir explorer l’endroit. "Le plus extraordinaire, raconte Christian Clot, c’est qu’au bout de tout ça, quand on pose la question aux gens : qu’est-ce qui a été le plus marquant pour vous ?, c’est le mot liberté qui ressort !"
Accepter que notre corps nous donne des informations, cela ne se fait pas tout de suite. "Le cerveau travaille énormément quand il est hors du temps", explique Christian Clot, on en ressent de l'angoisse et de la fatigue. Il y a eu "des moments d’apathie, où on est un peu perdu, où on n’a plus envie de bouger". En revanche, les participants ont pu goûter dans la grotte un sommeil de qualité : "Quand on ne dort que lorsqu’on est fatigué et que l’on n’a pas de réveil pour perturber un cycle de sommeil, on dort très bien !"
Cette expérience devrait nous permettre de comprendre quelles sont les facultés d’adaptation de l’être humain, par exemple en cas de changement climatique extrême… Une des leçons que Christian Clot en tire d’ores et déjà, c’est l’importance de la coopération de chaque membres du groupe. "Une des plus belles réussites !"
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