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Christian Reille, un jésuite en Algérie

Un article rédigé par Véronique Alzieu - RCF,  - Modifié le 25 juin 2021
Grand TémoinChristian Reille, un jésuite en Algérie
Christian Reille vit en Algérie depuis 1970. Ce jésuite issu d’une famille bourgeoise où l’on exprimait peu ses sentiments a été séduit par la chaleur et la convivialité du peuple algérien.
RCF / Véronique Alzieu - Père Christian Reille, "Je voulais être comme les autres et pas au-dessus des autres" RCF / Véronique Alzieu - Père Christian Reille, "Je voulais être comme les autres et pas au-dessus des autres"
"Lorsque à la fin de ma vie j'ai vu le parcours que j'avais fait, d'où j'étais parti et où j'étais arrivé, les transformations profondes qui ont eu lieu en moi, le nouveau regard sur les choses, sur les gens, une approche intérieure de chacun... Je me suis dis que ça vaut la peine d'écrire cette vie qui est partie d'un refus radical vraiment de beaucoup de choses dans la société."

 

En 1970, le Père Christian Reille a réalisé son vœu le plus cher : rejoindre la communauté de frères jésuites installée à Constantine. Il avait 37 ans, l'Algérie devenait sa seconde patrie et les Algériens, son peuple d'adoption. Une expérience qu'il raconte dans son autobiographie, "Un jésuite en terre d'Islam" (éd. Lessius).

 

"Cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite"

 

une soif de simplicité

Né en 1933 dans une famille aisée, Christian Reille a souffert d'une forme de distance entretenue dans le rapport à l'autre. Cette façon d'exprimer assez peu ses sentiments, au début il ne s'en rendait pas compte. "J'étais un enfant heureux", dit-il. Mais ce qu'il a découvert en fréquentant d'autres milieux par exemple à l'occasion de son service militaire, n'est autre que la "convivialité". Un découverte qui a créé en lui "un manque", là où avec les siens on ne manifestait pas de tendresse. On se respectait, on avait de l'affection les uns pour les autres, mais toujours cette retenue.

"Je voulais être comme les autres et pas au-dessus des autres." Dans les années 40 le jeune Christian Reille a souffert d'être le fils du directeur de l'usine, baron qui plus est, et qui faisait qu'on l'appelait "le baronnet". "Ça a laissé une blessure, une gêne." Celle de se sentir appartenir à une élite, un milieu privilégié. On a beau être fier de ce que l'on est, lui n'attachait pas "beaucoup d'intérêt" au une certaine forme de prestige. Au service militaire, alors qu'il était déjà séminariste, Christian Reille a apprécié cette liberté de pouvoir dire ce que l'on pense. "Des relations proches, sympathiques", où on l'a accepté tel qu'il était et non pas pour le nom qu'il portait.

 

La convivialité, un visage de Dieu

Quand à 19 ans, il est entré au seminaire c'était pour obéir à "un désir de donner sa vie". Et cela ne l'a jamais quitté, pas plus que cette conviction fortement ancrée que "la vie devait avoir un sens." Ce qui n'a pas empêché le jeune prêtre de vivre des moments de doute, dont certains très profonds. C'était vers mai 68, et beaucoup de prêtres ont alors quitté le sacerdoce. Pourquoi pas lui ? "Je n'acceptais pas de m'être trompé, répond-il en riant, je ne pouvais pas supposer que la vie que j'avais choisie n'aie pas de sens."

Et aussi, chez les jésuites, Christian Reille a retrouvé cette convivalité découverte pendant son service militaire. Une certaine idée de la vie chrétienne. "Dieu au départ était le bien mais n'était pas forcément l'amour ; aujourd'hui cet amour et cette convivialité font partie essentiellement du visage de Dieu qui m'habite."

 

Entretien réalisé en décembre 2017

 

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