La tempête Ciaran, qui va toucher le Finistère et la Bretagne dans la nuit de mercredi à jeudi, ressemble sous certains aspects à la tempête de 1987, explique le météorologiste Yann Amice, de WeatherNCo.
La tempête Ciaran a traversé tout l'Atlantique, de Terre-Neuve jusqu'au côtes d'entrée de Manche, où elle arrivera dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle a été entraînée par le jet stream qui souffle à 9 000 mètres en altitude. "Ce jet stream conduit cette dépression de Terre-Neuve jusqu'à nos côtes, sauf que dans cette situation particulière, cette dépression va glisser sous l'axe du jet et avec toute cette énergie disponible en altitude, elle va se renforcer", commente Yann Amice, météorologiste et océanographe, fondateur de la société WeatherNCo. "La pression va chuter, les vents vont se renforcer et en fait c'est ce qu'on appelle dans notre jargon météorologique une cyclogénèse explosive, parce que la pression baisse très rapidement (plus de 24 hectopascals en 24 heures), sauf que dans cette nouvelle tempête qui nous arrive, on est à 33 hectopascals. On peut aussi parler d'une bombe météorologique."
La principale caractéristique de cette tempête, ce sont les vents très forts qui l'accompagnent... Mardi après-midi, les modèles montraient tous des projections de vitesse du vent au-dessus de 170 km/h quand Ciaran touchera le Finistère. "Les nouvelles modélisation ne viennent que valider cette trajectoire de situation tempétueuse, notamment pour la nuit de mercredi à jeudi, avec des rafales qui seront conséquentes puisqu'on parle quasiment de 170 à 180 km/h sur les rafales maximales en bordure côtière, notamment sur la pointe sur le Finistère", continue Yann Amice. "Et on n'a pas qu'un seul modèle ! J'ai 13 modèles qui vont dans cette même direction de rafale à plus de 170 km/h."
Avec des rafales maximales au-delà des 150 km/h, Ciaran est une tempête qui change de dimension. Ces derniers jours, les gens étaient tentés de faire un rapprochement avec Lothar, en 1999, mais cette tempête de 960 hectopascals était entrée par la façade atlantique et s'était creusée sur le centre de la France, ce qui avait occasionné beaucoup de dégâts. Yann Amice trouve dans la situation de Ciaran plus de points communs avec la tempête qui avait touché le Finistère en 1987. "Globalement, on est sur les mêmes valeurs (953 hectopascal en entrée de Manche) et sensiblement sur une même trajectoire, c'est-à-dire au sud des îles britanniques."
Et ce n'est pas fini pour cette semaine ! Il faudra s'attendre à un creusement secondaire dans cette nouvelle tempête. "Il y a de fortes chances qu'on ait un petit minimum secondaire qui se promène dans le fond du golfe de Gascogne, donc sur la Nouvelle Aquitaine. On aura certainement un nouveau phénomène avec un bon coup de vent 120 à 130 km/h, notamment sur toute la façade Aquitaine, et ensuite, samedi, un nouveau système qui rentre par la façade." Mais Yann Amice précise qu'il est encore trop tôt pour modéliser ce nouvel événement.
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