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Classement sans suite de l'affaire Barbarin. Exclusif: "J'espère que cet avertissement très fort, douloureux, sera profitable pour nous"

Un article rédigé par Léna Bouillard - RCF,  - Modifié le 1 août 2016
L'enquête pour "non-dénonciation" d'abus sexuels sur mineurs et "non-assistance à personne en danger" qui visait le cardinal Barbarin a été classée sans suite.
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Le cardinal Philippe Barbarin ne sera pas poursuivi par la justice. L'enquête pour "non-dénonciation" d'abus sexuels sur mineurs, qui le visait, a été classée sans suite ce lundi (1er août). C'est ce qu'a annoncé aujourd'hui le procureur de la République de Lyon, alors que la décision était attendue depuis l'audition du cardinal en juin dernier. Une enquête qui visait également l'archevêque pour "non-assistance à personne en danger"

Mgr Barbarin était accusé de ne pas avoir dénoncé les agissements du prêtre Bernard Preynat, mis en examen en janvier dernier pour agressions sexuelles sur des scouts lyonnais, après en avoir pris connaissance en 2007. Des actes que le père Preynat a reconnu avoir commis entre 1986 et 1991. Les victimes reprochaient également au cardinal d'avoir laissé le prêtre officier au contact d'enfants jusqu'en août 2015. 
 

>> Le rappel détaillé des faits ici.

La réaction exclusive de Mgr Barbarin au micro de Benjamin Rosier:

A l'issue de cette annonce, l'association La Parole Libérée a réagi rapidement. L'un de ses porte-paroles, Bertrand Virieux, s'est exprimé sur RCF et rappelle d'abord le débat moral soulevé par l'association. Il répond à François Ballarin. 

La question de la date de la connaissance des faits par le cardinal Barbarin était l'un des points centraux de cette enquête préliminaire. Le procureur de la République de Lyon s'est positionné sur la période post-2014, date à laquelle une victime précise au cardinal les agissements du père Preynat. Pour ce qui est de la première date, à laquelle l'archevêque de Lyon fut partiellement au courant des faits, à savoir 2007-2008, comme il le précise dans une interview au journal La Croix en février 2016, la prescription s'appliquait. 
 

Ci-dessous, l'intégralité de la réaction du cardinal Barbarin:

"J'ai appris cette décision du procureur, de la justice. C'est le fruit d'un très long travail de la police, qui a interrogé des quantités de gens, de manière très précise. Moi-même, dans ma dernière audition, je suis resté plus de dix heures à la police. Ils ont vraiment tenu à vérifier chacune des choses qui avaient été dites, écrites ou entendues. Je suis sûr que c'est le fruit d'un travail sérieux. Maintenant, une fois que cette décision est prise, je mesure surtout l'ampleur du travail qui est à accomplir à l'intérieur de notre diocèse et dans l'ensemble de l'Eglise de France, oserais-je dire aussi dans l'ensemble de la société française. Parce que, comme vous le savez, ce fléau ne touche pas seulement l'Eglise.

Dans notre diocèse, nous avons déjà beaucoup travaillé, surtout, d'ailleurs, grâce aux victimes qui ont parlé, qui ont dit leur souffrance, qui ont montré les conséquences durables, incalculables, nombreuses, familiales, psychologiques, personnelles, spirituelles et professionnelles. Et donc, je dois les remercier ici, parce que, dans cette parole libérée, beaucoup de choses sont venues de manière très consciente et claire à nos esprits maintenant. Et nous mesurons le travail qu'il nous reste à accomplir.  

Leur demande est claire, notre réponse sera claire: il n'est pas possible que ces prêtres restent en contact avec ces enfants, car c'est beaucoup trop dangereux. C'est quelque chose que nous leur devons et qui doit être pour nous une responsabilité limpide. De toute façon, j'ai fait connaître au 30 juin un certain nombre de décisions qui ont été prises dans mon diocèse - je ne suis pas le seul diocèse de France concerné. Ce que je voudrais encore une fois, c'est que ce travail soit fait largement au-delà de l'Eglise, en tout cas premièrement chez nous, parce que cela, c'est ce qui est de notre responsabilité. Je le situe surtout du point de vue des familles, c'est-à-dire qu'ils ont des enfants, ils veulent qu'ils soient dans des endroits où on prendra soin d'eux, où ils ne seront ni abimés, ni agressés en aucune façon, et que ce soit un lieu de véritable confiance pour leur construction, dans leur enfance, dans leur adolescence, dans leur jeunesse, dans leur liberté humaine. Je trouve que maintenant, cette avertissement très fort, douloureux, il faut le reconnaître. J'espère qu'il sera profitable pour nous. 

Je veux dire aux victimes que jamais elles n'ont été absentes de mes prières depuis le déclenchement de toutes ces difficultés, et que ma porte leur est ouverte. Et que peut être maintenant, après cette décision de la justice, avant laquelle il fallait attendre et rester dans le silence, une collaboration sera possible. Je voudrais remercier ceux qui m'ont écrit, qui ont accepté de me parler longuement, et de me faire part de toutes ces souffrances qu'ils ont endurées pendant des décennies, les remercier. 

En 6 mois, j'ai appris plus qu'en 18 ans d'épiscopat. La rencontre d'une telle souffrance, qui m'a été décrite avec des mots très simples, sans fioritures, a été pour moi comme une révélation. Souvent, ils disaient "on n'arrive pas à le dire", donc c'est normal que vous ne l'ayez pas compris. J'espère que, pour eux aussi, c'est un progrès et une véritable libération, et que cela va nous aider à progresser tous ensemble dans ce domaine, dans cette direction. Il y a un travail non seulement urgent mais absolument nécessaire à faire."

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