JavaScript is required

Cogito ergo ago ! Le latin et le grec ancien, des langues bien vivantes

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan, Melchior Gormand - RCF, le 20 octobre 2022 - Modifié le 20 octobre 2022
Je pense donc j'agisCogito ergo ago ! Le latin et le grec ancien, des langues bien vivantes

De l'étymologie des mots aux nombreuses locutions, le latin est omniprésent dans nos langues et cultures occidentales. Il est enseigné dès la classe de 5ème aux collégiens. S'il rencontre un plus franc succès que le grec ancien, il s'agit aujourd'hui de mobiliser les plus jeunes pour qu'ils apprennent ces langues. Les professeurs et latinistes ne manquent pas d'imagination. Entre grammaire et histoires, déclinaisons et mythes, comment redorer le blason de ces langues dites mortes ?

© Ying Ge on Unsplash© Ying Ge on Unsplash

Quid du latin aujourd'hui ? 

 

En France, ce sont 35.000 élèves qui étudient le grec ancien chaque année, contre 500.000 en latin. Robert Delord est professeur de latin est président de l'association Arrête ton char qui œuvre à redynamiser les langues anciennes. Pour lui, cet écart est d'ordre politique. C'est dès le CM2 qu'il s'est pris de passion pour les civilisations anciennes, et avec elles pour le latin. À ceux qui lui disent que le latin est une langue morte, il répond que c'est "une langue qui vit à travers toutes les langues romanes de la planète ; que 60% du vocabulaire anglais vient du latin". Ainsi, le latin ouvre de nombreuses portes dans l'apprentissage des autres langues. 

 

Daniel Blanchard est directeur du Cercle Latin de Paris, qui réunit des amateurs latinistes pour pratiquer et faire vivre cette langue. Très tôt latiniste et fils d'un professeur de grec ancien à la Sorbonne, il devient vite passionné par les textes et méthodes pédagogiques qui accompagnent l'apprentissage. Dans son métier, en tant que chanteur d’opéra, il est souvent amené à travailler son répertoire. Pour lui aussi, la définition de "langue morte" est très politique : "on peut parler de langue morte à partir du moment où son usage disparaît. Je ne crois pas que ce soit le cas avec le latin". Les plus beaux textes latins datent selon lui des XVI et XVIIe siècles, et l'on continue, aujourd'hui encore, à traduire des textes. Robert Delord ajoute que "Rimbaud ou Baudelaire nous ont laissé de magnifiques poèmes en latin". 

 

In fine, un problème de fond ?

 

"En province c'est alarmant, il n'y a pas de profs", s'indigne Robert Delord. Le déclin alarmant du grec ancien dans les lycées s'explique par un problème d'accessibilité. Les heures de langues anciennes données dans les établissements ne sont pas financées. Et à ce statu quo s'ajoute un problème de cohérence. Pourquoi multiplier l'apprentissage des langues vivantes et anciennes chez les jeunes quand ils ont parfois du mal à maîtriser le vocabulaire français ? "Plus tôt on s'y met, mieux c'est", rappelle Robert Delord, qui a notamment écrit Mordicus dans lequel il déconstruit les clichés sur le latin. S'il est aujourd'hui rare de voir des élèves forcés par leurs parents à étudier ces langues, il reste dur de mobiliser les jeunes pour qu'ils s'inscrivent de leur plein gré. Nota bene : depuis 15 ans, on parle "d’enseignement des langues et cultures de l’Antiquité" plus que de "cours de latin ou de grec ancien. On enseigne et transmet aussi une culture".

 

S'adapter pour motiver les élèves, une condition sine qua non

 

L'enseignement du latin a su évoluer avec le temps. Robert Delord se réjouit d'une récente victoire d'Arrête ton char. Les élèves et professeurs peuvent maintenant travailler avec des "textes construits", c'est-à-dire des textes récents traduits en latin. Astérix, Harry Potter, Star Wars ou Le Petit Prince, le répertoire s'élargit de jour en jour. "Ça reste du latin compliqué", nuance-t-il quand même. Cette langue apporte une certaine rigueur, permet de comprendre les humanités, "d'apprendre la tolérance et l'acceptation de l'autre", souligne Daniel Blanchard. Et Robert Delord met en avant la vertu de ces cours "où l'on peut prendre une heure pour traduire cinq lignes. C'est le luxe d'un moment hors du temps". 

 

La promotion des langues anciennes passe aussi par des concours plus ludiques. Arrête ton char organise pour la quatrième fois le Prix littérature jeunesse Antiquité. L'année dernière, ce sont 25.000 élèves qui ont participé dans 15 pays différents. Le concours les a menés à choisir, à la fin de l'année scolaire, leur livre préféré parmi une sélection. Une rencontre en visio était ensuite organisée avec l'auteur. Au Cercle Latin de Paris, certains font du théâtre en langue. Pendant leurs réunions, ils abordent des thèmes divers et variés, en s'adaptant au niveau de chacun : "personne ne se sent à l'écart ou stigmatisé", rapporte le président.

 

Cogito ergo ago : Je pense donc j'agis !

 

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
© RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.