Le vélo revient à la mode ces dernières années, notamment pour des questions d’écologie, mais en particulier ce mois-ci à l’occasion de l’évènement Mai à vélo, dont l’objectif est de faire adopter le cycle au plus grand nombre de Français possible. Un peu partout, les villes et communes évoluent sans cesse pour accueillir toujours plus de cyclistes et toujours moins de voitures. Alors la bicyclette va-t-elle réellement dépasser nos automobiles ?
"Le vélo peut et doit redevenir rapidement un transport de masse", écrivaient le 4 mars 2023 Jean-Marc Jancovici et Olivier Schneider dans une tribune publiée dans le journal Le Monde. C’est pourquoi se tiendra ce vendredi 5 mai le comité ministériel sur le vélo. L'objectif est de "donner aux entreprises et collectivités des moyens suffisants" pour développer l’usage du deux roues, explique Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Selon lui, ce sont aujourd’hui "les courageux et les privilégiés en ville dense" qui font du vélo, alors que ce devrait être "une évidence" pour tout le monde. Sur ce point, les Pays-Bas sont un exemple à suivre : les déplacements à vélo d’au moins dix kilomètres des plus de 65 ans y sont équivalents au total des déplacements à vélo en France tout âge confondu.
Au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, la France était un grand pays producteur de bicyclettes et possédait une large industrie. "Un nombre considérable de déplacements étaient faits à vélo", indique Olivier Schneider. Mais la décision politique a ensuite été prise de rentrer dans le tout-automobile. Pour le président de la FUB, "le développement de la voiture a fait abandonner les transports en commun et les routes sont devenues dangereuses pour les cyclistes". La rationalisation des services publics en milieu rural n’a pas aidé.
En France, "la culture de la voiture a été un choix politique résolu et assumé", estime Camille Thomé, directrice de l’association Vélo & territoires. Mais les conséquences s’avèrent plus graves qu’on ne l’imaginait. Camille Thomé cite le cardiologue François Carré qui considère que "nos enfants préparent leurs infarctus à 30 ans". Il y a "de multiples urgences", déplore Olivier Schneider. En particulier, la sédentarité, la réduction des gaz à effet de serre ou encore la flambée des prix font du cycle la solution "évidente".
Aujourd'hui, une personne sur quatre serait prête à utiliser le vélo en priorité sur les distances inférieures à dix kilomètres, selon la FUB. Mais l’appétence des Français pour le déplacement à bicyclette est contrariée "parce que tout a été pensé pour la voiture", selon Camille Thomé, qui précise que "la plupart des trajets que font les Français font moins de cinq kilomètres" et sont donc faisables à vélo. Pour pousser vers un usage massif de celui-ci, il faut "changer nos habitudes” et comprendre que "ce n’est pas qu’une question d’écologie", indique la directrice de Vélo & territoires. "Le vélo c’est efficace, neutre et presque gratuit sur le long terme. Ça permet une réelle maîtrise de ses trajets", ajoute celle-ci.
Mais l’idée n’est pas que la voiture disparaisse. "On veut que tout ce qui peut se faire à vélo d’un point de vue distance puisse être envisagé", explique Olivier Schneider. Des modifications sont donc nécessaires d’un point de vue aménagement des villes, stationnement, cohabitation entre les différents transports ou encore intermodalité. "Le vélo ne peut devenir un transport de masse qu’avec un bon système à l’appui", insiste Camille Thomé. Cette dernière rappelle qu’en France, "on a tout donné à la voiture alors qu’elle est stationnée 80 % du temps".
En 2022, 43 % des véhicules vendus étaient des vélos. Afin que ce chiffre ne cesse d’augmenter, la FUB porte un certain nombre de programmes mandatés par l’Etat. "Notre dernier programme, Alvéole plus, permet, entre autres, de financer du stationnement vélo sécurisé pour les propriétés privées et les bailleurs sociaux", indique Olivier Schneider. Également, le plan de 2,5 milliards d’euros que les acteurs du cycle souhaitent obtenir de l’État devrait permettre de doubler le nombre de kilomètres de pistes cyclables en France, qui passerait alors de 50 000 à 100 000 kilomètres.
Le vélo possède de nombreux bienfaits. "Le vélo, c’est la liberté", affirme Camille Thomé, avant d’ajouter : "ça peut permettre de se retrouver dans sa condition d’humain, de se reconnecter à son corps et ses valeurs". Celle-ci confie qu’à Lyon, le 1er mai 2023, près de 16 000 cyclistes ont été dénombrés sur l’une des pistes cyclables des berges du Rhône. Alors ce mois-ci, avec Mai à vélo, on ne peut que s’essayer à la petite reine et, peut-être, l’adopter !
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