Il y a toujours de l’électricité dans l’air chez Air France-KLM. Alors que l’intersyndicale vient de déposer de nouveaux préavis de grève pour le mois de mai, le PDG d’Air France a lui décidé de consulter à partir du jeudi 26 avril l’ensemble du personnel d’Air France sur un projet d’accord salarial.
Alors que les avions restent en partie cloué au sol depuis une dizaine de jours, que les syndicats et la direction n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur les salaires, le PDG Jean-Marc Janaillac a décidé de consulter l’ensemble des salariés du groupe. Il leur demande de se prononcer sur un accord proposé le 16 avril dernier par la direction et qui prévoit une hausse générale des salaires de 7% sur quatre ans dont deux 2% cette année. Le patron d’Air France fait de cette consultation une affaire personnelle et annoncé qu’il quitterait ses fonctions en cas de refus.
Il s’agit d’un vote électronique, "anonyme", "sans implication juridique". Il débutera jeudi 26 avril à 10 heures et s'achèvera le vendredi 4 mai à 18 heures. Son résultat sera communiqué le jour même "en fin de scrutin". Évidemment cette initiative du PDG d’Air France est vu d’un mauvais oeil par les syndicats qui après avoir exigé une augmentation des salaires de 6 % demandent désormais 5,1% d’augmentation de salaire pour tous métiers confondus, pilotes, personnels navigants, commerciaux et agents au sol.
Une hausse des salaires destinée selon eux à combler le gel de la grille salariale, et donc l’inflation, depuis 2011. Les syndicats viennent d’ailleurs de déposer un nouveau préavis de grève pour les 3,4,7 et 8 mai prochains. Grégoire Aplincourt, président du SPAF, le deuxième syndicat de pilotes d’Air France, explique ce qu’il pense de la consultation qui démarre aujourd’hui.
Les syndicats de pilote sont déterminés à poursuivre leur bras de fer sur les salaires avec la direction et qui semblent faire fi de cette consultation. Ce n’est pas la première fois que la consultation est utilisée en particulier chez Air France. En 1994, le PDG, Christian Blanc, avait lancé un référendum alors qu’il ne réussissait pas à trouver un accord avec les syndicats. Le contexte était toutefois un peu différent.
Aujourd’hui le contexte est différent. L’intersyndicale demande une hausse générale des salaires en s’appuyant notamment sur les résultats encourageants de l’entreprise. La direction d’Air France, elle, refuse estimant qu’une hausse de plus de 5% compromettrait les acquis de croissance engrangés ces dernières années.
Pour tenter de sortir de l’impasse et mettre fin à ce mouvement social qui a déjà coûté quelques 300 millions d’euros au groupe, le PDG d’Air France a donc décidé de sortir la carte consultation, de jouer son va-tout. Une option qui peut aussi se révéler risquée.
Quelle que soit le résultat de la consultation le 4 mai prochain, ce référendum ne changera pas grand chose à long terme. Car la direction devra se mettre d’accord avec les syndicats sur le plan stratégique de l’entreprise à cinq ans, plan que la direction prévoit de dévoiler au mois de juin. Un plan destiné à améliorer la compétitivité et la rentabilité du groupe, les deux point faibles d’Air France comparé à ses principaux concurrents.
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