Paris
Le gouvernement de Michel Barnier est menacé de censure par la gauche et l'extrême droite sur le budget de 2025. Le Premier ministre a redit hier soir qu'il aurait recours au 49-3 pour le faire adopter. Michel Barnier a averti des conséquences graves que pourrait avoir la chute de son gouvernement. Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à Paris 2 et docteur en sciences politiques à l'ENS Paris-Saclay, décrypte la situation.
Le Premier ministre reçoit toute cette semaine les chefs des différents partis politiques. Michel Barnier doit trouver une majorité pour maintenir son gouvernement.
Pour Benjamin Morel, le chef du gouvernement est dans une situation délicate. Il doit jouer sur l'électorat du Rassemblement national qui est lui-même sous pression : "C'est pour l'instant très compliqué parce que le Rassemblement national est sous la pression d'une base électorale qui veut cette censure." Selon le maître de conférences, Michel Barnier doit faire des concessions afin de flatter l'électorat du RN pour gagner des voix.
C'est pour l'instant compliqué parce que le Rassemblement national est sous la pression d'une base électorale qui veut cette censure.
Gagner des voix peut passer par des réductions d'impôt, comme l'explique Benjamin Morel : "Les électeurs auraient besoin d'un gros cadeau comme une suppression de la surtaxe sur l'électricité ou quelque chose qui a priori coûterait plusieurs milliards." Un cadeau non sans coût, car il creuserait le déficit de l'État et cela accentuerait les tensions politiques, comme le rappelle le docteur en science politique : "On a une grosse tension aujourd'hui autour du déficit." Déficit qui continuera de s'accentuer selon les prévisions qui sont décrites comme "assez réalistes" par Benjamin Morel.
Le maître de conférences envisage également les autres potentiels groupes politiques qui peuvent se rallier au côté du Premier ministre. Il évoque un seul groupe pour être l'allié de Michel Barnier. "Du côté des autres alliés potentiels, il n'y en a qu'un en réalité aujourd'hui. C'est le groupe socialiste." Benjamin Morel mentionne les concessions que le gouvernement devrait faire pour convaincre le groupe politique de se rallier à lui : "Ce groupe socialiste aurait besoin d'un cadeau, comme, la suppression de la dernière réforme des retraites".
Du côté des autres alliés potentiels, il n'y en a qu'un en réalité aujourd'hui. C'est le groupe socialiste.
Benjamin Morel pense que la bonne stratégie est de plaire aux socialistes pour les séparer des Insoumis et donc du Nouveau Front populaire. Séparation difficile car, d'après lui, le Premier ministre est dans une mauvaise position. "Pour des raisons électorales, il est très compliqué pour lui de faire un pas de côté dans le cas du Nouveau Front Populaire" analyse le spécialiste des sciences politique.
"Michel Barnier a très peu de marge de manœuvre financière, pourtant il en a besoin pour arriver à calmer les groupes politiques qui pourraient le renverser" ajoute t'il. Pour Benjamin Morel, il reste à voir si le Premier ministre parviendra à convaincre un groupe politique de se rallier à lui afin d'éviter la chute de son gouvernement.
Pour bien comprendre l'actualité, il faut la décoder. Chaque matin, les journalistes analysent, accompagnés d’un expert, un fait d’actualité pour en identifier tous les enjeux.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !