Le bilan annuel des violences conjugales a été dévoilé cette semaine. Cent deux femmes sont mortes en 2020 sous les coups de leur conjoint.
Cent deux femmes et 23 hommes sont morts en France l’an dernier sous les coups de leur conjoint, ou ex-conjoint. Voila le bilan des violences conjugales dressé cette semaine par le ministère de l’Intérieur. Un chiffre en baisse qui ne doit pourtant pas éclipser une réalité grave. "Avec le confinement, la mobilisation contre les violences conjugales a été importante. Mais il faut être très vigilant. On sait qu’aujourd’hui, déjà 69 femmes ont été tuées. Les associations restent très vigilantes, car ce sont toujours des chiffres trop importants chaque année" explique Françoise Brié, directrice de Solidarité Femmes.
On sait que l’écrasante majorité des femmes victimes de violences conjugales avaient déposé une plainte. Ce qui interpelle sur la prise en compte de ces plaintes. "Ces femmes avaient osé parler, et il n’y a pas eu forcément la réponse à la hauteur de ce qui est attendue dans ces situations. Pour chaque féminicide, il faut analyser les failles, afin de trouver les réponses, et améliorer la prise en charge. Dans notre réseau, nous demandons des brigades spécialisées ouvertes 24/24 dans les gendarmeries et les commissariats, ainsi que des tribunaux spécialisés" ajoute-t-elle.
Le ministère de l’Intérieur a d’ailleurs demandé qu’un officier de police judiciaire spécialisé soit présent dans chaque commissariat et chaque gendarmerie. Françoise Brié rappelle qu’il existe déjà des référent-violence, mais que ce n’est pas suffisant. "Il faut encore que ces référents soient disponibles tous les jours, y compris les week-ends et en soirée. Il faut donc former de nouveaux référents et renforcer ces équipes spécialisées" lance-t-elle, ajoutant que ce genre de postes requiert une expérience particulière, en raison de la complexité des affaires.
Françoise Brié rappelle également l’importance de percevoir les petits signes, anodins de prime abord, qui peuvent conduire à des situations de violences conjugales, mais également du suivi socio-judiciaire des auteurs de violence. "Un auteur de violence sort de garde à vue, d’un contrôle judiciaire ou d’incarcération. Il faut que la victime puisse en être informée et qu’il y ait peut-être un policier ou un gendarme affecté à ces situations de dangers" précise-t-elle.
Dans ces cas de violences conjugales, il y a parfois des victimes collatérales. Ce sont les enfants. L’an dernier, huit enfants ont été tués en même temps que leur mère. "On sait que les enfants sont traumatisés par les violences, qu’ils sont co-victimes, qu’ils souffrent des mêmes traumatismes que leur mère. Certains vont perdre la vie dans ces féminicides. Il faut vraiment prendre en compte ces enfants, avant la séparation, mais aussi une fois qu’elle a eu lieu" conclut Françoise Brié.
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