"J’ai perdu mes filles. A ces mots, certains s’en vont, mais d’autres restent sans rien dire. D’autres murmurent "moi aussi"… qui connaissent eux aussi l’insondable souffrance. D’autres enfin s’approchent… un geste maladroit, un mot timide… Patauds, inutiles, ils sont là, à portée de douleur… Ils avancent à tâtons sur le chemin qui relie les êtres : la consolation". C’est par ces mots si imagés, si chargés, qu’Anne Dauphine Julliand introduit son livre "Consolation" qui vient de sortir aux éditions Les Arènes.
Anne Dauphine Julliand a perdu ses deux filles d’une maladie dégénérative rare, qui, dit-elle "détruit tout sur son passage, et pas seulement la vie… Les grandes épreuves font entrer dans la vie leur inséparable compagne : la souffrance".
Cette souffrance, Anne-Dauphine en a déjà témoigné dans son premier livre "Deux petits pas sur le sable mouillé" dans lequel elle raconte les courtes années de sa première fille Thaïs. Témoignage, ou douleur, espérance, et vie se tutoient mystérieusement sans cesse. Elle en a aussi témoigné par ce film documentaire "Et les mistrals gagnants" qui a été vu par des millions de personnes, qui rend compte tout en délicatesse de la douleur et de la vitalité d’enfants très malades en hôpital.
C’est donc maintenant de consolation qu’Anne-Dauphine vient nous parler dans son livre. La consolation, cette attitude de compassion, ce silence habité, cette parole délicate, ce geste tendre, ces larmes partagées, serrer l’autre dans ses bras… Il y a tant et tant de moyens de rejoindre notre proche qui est écrasé de douleur. Il n’en restera pas moins seul dans sa souffrance, mais relié à ce cœur qui a osé s’approcher jusqu’à pleurer avec lui. Voilà la consolation telle qu’Anne Dauphine l’a expérimentée.
Nous avons tous besoin à un moment ou à un autre d’être consolés ; les épreuves jalonnent toute vie. "Elles nous constituent tout autant que nos bonheurs" dit-elle. Mais nous avons aussi tous à être, à un moment ou à un autre, consolateurs. Ce livre est pour chacun de nous, comme un joyau, pour entrer avec elle -je cite "dans cet art qui embellit les fêlures de nos vies" . La souffrance demeure, mais -dit-elle en conclusion "acceptée et apaisée, qui permet de mieux percevoir la beauté de la vie, parce qu’elle a été consolée".
Consoler, nous laisser consoler, voilà un chemin qui donne vie ! C’est donc un livre à lire et à partager. On peut aussi écouter sa conférence magnifique sur ce thème sur le site de l’och, och.fr. Une méditation qui nourrit le cœur !
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