Aider les pauvres n’est pas une option. Cyrille Frey rappelle ces propos du pape alors que le mouvement des gilets jaunes montre que notre société a tendance à opposer écologie et pauvreté.
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De retour d’un week-end sur les routes en un temps de mobilisation des gilets jaunes…
Ce week-end qu’ai-je vu ? Des incendies monstres et meurtriers en Californie, provoqués par une sécheresse qui bat tous les records, des pluies diluviennes à Barcelone, des Gilets jaunes qui m’ont soumis une pétition demandant la dissolution du ministère de l’écologie.
Voilà, en trois coups on a tout faux. On n’en est plus à attendre la catastrophe, elle est là. Et ça n’est même pas quelque chose qui se passe au bout du monde, les pays occidentaux ne sont pas épargnés. Et à côté de ça on a des personnes qui sont tellement dans l’impasse qu’ils demandent, pour arriver à boucler les fins de mois, qu’on arrête toute politique écologique parce que pour eux ça ne se traduit que par des taxes. Alors que le pape François et bien des précurseurs avant lui martèlent que l’écologie est une question de justice vis-à-vis des pauvres, on est arrivé à ce résultat que les pauvres se positionnent contre l’écologie.
Donc finalement on aurait produit ce qu’on craint, des riches écolos et des pauvres anti-écolos ?
Je crains qu’on ne soit en train de payer des années de politique écologique qui ne s’est pas souciée de porter des alternatives à ceux qui ne peuvent pas payer plus. Bien sûr, tous ceux qui ont protesté ce week-end ne sont pas des personnes pauvres ou sur le fil du rasoir. Mais il est bien évident qu’une politique écologique qui consiste principalement à taxer les produits utilisés par tous va pénaliser les plus vulnérables. Sachant que ce sont déjà eux qui sont en première ligne face aux conséquences de la crise écologique. Un agriculteur qui manifeste pour le gazole moins cher, quand dans 30 ans le gazole, la pétrochimie, lui feront faute, il sera encore plus coincé. Aujourd’hui, les Français expriment qu’ils ne veulent pas payer la transition écologique. Le problème, c’est que quoi qu’il arrive, une société comme la nôtre sera forcée, peut-être brutalement, de décroître dans ses revendications de niveau de vie. Forcée parce que la planète va manquer sous nos pieds.
Mais alors c’est l’impasse complète ?
La situation n’incite pas à l’optimisme. On est dans un labyrinthe qu’on a construits nous-mêmes, en s’y mettant à plein d’acteurs et de générations, il en train de s’effondrer sur nous et on n’arrive pas à en sortir. Ce sont les plus pauvres qui y sont le plus enfoncés, le plus coincés au centre. Ils ont le sentiment qu’on les abandonne comme les troisième classe du Titanic. Il faut donc qu’on construise la transition tous ensemble. C’est un peu utopique mais c’est ça, aussi, que nous a dit ce dimanche le pape en disant qu’aider les pauvres n’est pas une option.
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