En cinq ans le pape François a donné l'image d'un homme spontané et chaleureux. Mais déterminé à réformer l'Église contre le cléricalisme et pour une conversion pastorale.
"Habemus Papam Franciscum." C’était il y a cinq ans jour pour jour. Très vite ce pape venu du bout du monde et qui décidait de s'appeler François a eu des gestes et des paroles fortes qui ont donné le ton de son pontificat. Qui ont aussi séduit bien au-delà de la sphère catholique et chrétienne. Aujourd'hui, le pape François a 82 ans, et selon certains observateurs les années à venir seront difficiles. "Son récent voyage au Chili a fait entrer le pontificat dans une phase plus difficile par rapport à l'opinion publique internationale", pour Bernadette Sauvaget. Que retenir donc de ces cinq années? Quelle est l'image du pape aujourd'hui?
PAPE FRANÇOIS, CINQ ANS DE PONTIFICAT - RCF propose à ses auditeurs de relire ces cinq années avec des observateurs privilégiés, mais aussi avec des catholiques qui témoignent de la manière dont ce pape vient les éclairer, les bousculer, les déranger parfois.
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78% des Français ont une bonne opinion du pape François selon un sondage BVA-Le Figaro. Ce qui vient immédiatement en tête quand on pense au pape François c'est effectivement l'image d'un homme spontané et chaleureux. Et même si en France, cette popularité est en baisse depuis juillet 2015, "force est de constater, commente Michel Cool, que le leadership mondial du pape est puissant et que c'est quand même aujourd'hui l'un des personnages les plus visités par tous les responsables de la terre".
Que reste-t-il du cardinal Bergoglio ? Selon Bernadette Sauvaget, "cet homme de la communication qu'est devenu Bergoglio c'était une face que ne connaissaient pas les fidèles de Buenos Aires". La journaliste de Libération auteure du livre "Le monde selon François" (éd. Cerf), parle d'un "destin marqué par des épreuves" à propos du pape François, et notamment par des "détestations". Elle évoque les relations difficiles que ce jésuite a eues avec la Compagnie de Jésus. Philippine de Saint-Pierre parle d'un homme qui "force sa nature pour être en relation avec les foules". Un homme spontané et chaleureux, certes, mais exigeant et déterminé à réformer l’Église.
"Il ne faut pas oublier le pape François est un grand politique et un réel stratège", rappelle Bernadette Sauvaget. Et comme le souligne Michel Cool, "souvenons-nous de la situation de l'Église il y a cinq ans". Les chantiers que le pape a menés sont nombreux et importants. On pouvait d'ailleurs les prévoir en lisant son discours du 23 mars 2013, prononcé avant le conclave qui l'a élu pape. Un texte émaillé des termes qu'on allait entendre tout au long de son pontificat, comme le souligne Philippine de Saint-Pierre. De sa critique de l'Église "autoréférentielle", à des expressions comme "une Église en sortie", "une attention aux périphéries", etc.
Les réformes initiées par le pape sont d'abord un encouragement à "une conversion spirituelle : sinon on ne peut pas comprendre ce qui est en jeu", pour la directrice de KTO. Une conversion pastorale qui signifie que ce que le pape François demande à ses collaborateurs c'est "de se débarrasser de la mondanité, du désir de plaire, d'exercer du pouvoir ou d'en avoir pour soi..." Une spiritualité que pourrait résumer ce verset de la Bible : "Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat." (Mc 2, 27).
"L'opposition est venue très vite, observe Bernadette Sauvaget, elle s'est cristallisée au moment du synode sur la famille." Peu de temps après ce synode d'octobre 2014, il y a eu le discours du 22 décembre 2014, le fameux "discours des 15 maladies". Lors de sa présentation des vœux de Noël à la Curie romaine, le pape François a énuméré les "maladies curiales", comme la "maladie du bavardage, du murmure et du commérage", la "maladie de la pétrification mentale et spirituelle : de ceux qui ont un cœur de pierre et une nuque raide"... Un type de discours qui fait dire à Bernadette Sauvaget qu'il est "un pape anticlérical" même si la formule est "un peu provocatrice". C'est que "la grande bataille" du pape François, c'est "de se battre contre le cléricalisme, contre cette superstructure qui se protège et se reproduit elle-même".
Et si l'opposition est "tenace" et "coriace", comme le dit Michel Cool, elle est à la mesure de "l'ampleur de la réforme" initiée. "Plus la réforme est importante, plus elle touche à des comportements, des changements profondément culturels dans l'Église, à des manières de se comporter, plus vous heurtez des conservatismes." L'auteur de "Tango à Rome - Mon plaidoyer pour le pape François" (éd. Salvator) rappelle d'ailleurs que les critiques adressés au pape François sont "sensiblement les mêmes que celles adressées à Paul VI" (pape de 1963 à 1978).
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