Les pangolins sont donc des mammifères insectivores, prédateurs de termites et de fourmis. Ils vivent dans les forêts et les brousses d’Afrique centrale et d’Asie du sud-est – 4 espèces en Afrique, 4 en Asie - ce sont les équivalents des célèbres tamanoirs et fourmiliers d’Amérique du sud. Comme eux, ils ont une longue langue collante, presque pas de dents, et des griffes puissantes pour éventrer les termitières. Mais seuls les pangolins sont recouverts de ces fameuses écailles qui les font ressembler, comme disait Desproges, à des artichauts à l’envers. Ces écailles ont évidemment une fonction défensive quand l’animal se roule en boule. On connaît même un cas de cuirasse de guerrier réalisée en écailles de pangolin dorées, originaire d’Inde au début du XIXe, mais c’est un cas apparemment unique.
Ce sont ces écailles qui sont à l’origine du drame. D’une certaine manière puisque ce sont elles qui ont une grande valeur en pharmacopée traditionnelle chinoise, une valeur illusoire puisque ces écailles sont en kératine, comme nos ongles et nos cheveux. Elles n’ont aucune propriété particulière. La chair et divers autres parties du pangolin ont aussi des vertus supposées. De sorte que le braconnage, le trafic est à l’origine de la disparition rapide de ces pangolins. Sur les 4 espèces asiatiques de pangolins, une est classée en danger d’extinction et trois en danger critique, dont le fameux pangolin de Chine. Les pangolins font même l’objet d’un programme international de protection piloté par l’IUCN ; les 8 espèces sont menacées à des degrés divers. On braconne en moyenne un pangolin toutes les 5 minutes, et la disparition prochaine du Pangolin de Chine reportera sans doute ce trafic sur les autres espèces. Et c’est donc ce trafic qui met l’homme en contact massif avec cet animal forestier nocturne et plutôt farouche.
On a affirmé beaucoup de choses sur le rôle du pangolin dans la diffusion à l’homme du SARS-Cov-2, « le » coronavirus. Les scientifiques restent prudents. D’abord, c’est plutôt des chauves-souris que nous viendrait ce virus, mais comme sous leur forme initiale, ils ne sont pas adaptés aux récepteurs humains, il y a eu un hôte intermédiaire qui serait le pangolin. Même ce point n’est plus aussi certain puisque le génome des virus du pangolin ne correspondrait pas si bien que ça au génome du coronavirus. Seule chose certaine, ce virus nous est venu d’animaux sauvages et de milieux naturels qu’il aurait mieux valu laisser tranquilles.
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