Spécialiste des politiques de défense russes à la Fondation pour la recherche stratégique, Isabelle Facon se veut prudente sur la désescalade annoncée dans la crise en Ukraine.
Arrive-t-on enfin à la désescalade dans la crise ukrainienne ? La Russie a ordonné mardi le retrait de ses 100.000 soldats des frontières du pays. Les Occidentaux se veulent optimistes mais restent prudents quant à une tentative d’invasion. Ils attendent des actes concrets.
Pas de quoi se réjouir pour l’heure. "Il faudrait attendre parce que, pour l’instant, la plupart des spécialistes militaires n’observent pas de mouvement vraiment majeur", tempère Isabelle Facon. En effet, les Occidentaux espèrent des images qui puissent prouver ce retrait des troupes. "Les paroles, c'est bien. […] Si les actes sont là, ce sera encore mieux", a affirmé le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, à l'Assemblée nationale.
Est-ce le signe que les efforts diplomatiques, déployés depuis des semaines, ont porté leurs fruits ? Difficile d’être formel. "Côté russe, ce n’est pas forcément comme cela qu’on va présenter les choses. Ils vont dire avec cette pression militaire, nous avons obtenu des engagements", explique la directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique. Emmanuel Macron et ses homologues allemand et américain, Olaf Scholz et Joe Biden, ont en effet dernièrement multiplié les échanges avec Vladimir Poutine, le président russe.
Il faut attendre encore quelques jours pour y voir plus clair et "pour voir si les Russes prennent une voie plus diplomatique", poursuit Isabelle Facon. "Ce qu’on a observé ces derniers temps c’est quand même une diplomatie pas très orthodoxe fondée sur la pression militaire et ça c’est très préoccupant", souligne-t-elle.
D’autant plus que la position de Moscou est ambivalente. Mardi, les autorités ukrainiennes ont fait état de cyberattaques visant deux importantes banques d’Etat et le site du ministère de la Défense, qu’elles attribuent à la Russie. "La Russie est plutôt sur un jeu sur le temps long à travers la pression militaire, la pression diplomatique, les cyberattaques, l’énergie. Tous ces leviers, la Russie va continuer à les mettre en œuvre", affirme l’experte.
Pour faire pression, les Occidentaux réitèrent les menaces de sanctions économiques, dont Moscou fait l’objet depuis 2014 et le début de la crise ukrainienne.
Moscou lutte contre une éventuelle adhésion de l’Ukraine à l’OTAN qu’elle voit comme une "ligne rouge" et une menace. Mais avec l’annexion de la Crimée par la Russie et le soutien des Russes aux séparatistes du Donbass, l’Ukraine cherche à se protéger.
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