C'est un canidé comme la France n'en avait jamais vu. Jusqu'à mi-avril, Rocket, chien-robot équipé d'objectifs, parcourt de long en large la Citadelle de Besançon. Grâce à cette technologie qui peut capter jusqu'à 500 000 points par seconde, une expérience en réalité augmentée devrait être disponible fin 2024.
"Il a quatre pattes, un corps, et sur son corps il a un scanner à 360° qui prend des milliers de photos à la seconde", décrit François Bousso, conseiller municipal délégué à la Citadelle. "Les quatre pattes sont indépendantes les unes des autres et le chien ne peut pas tomber. C'est hyper intéressant parce que sur le dos, il a quand même un matériel qui vaut des milliers d'euros", relève-t-il.
Au gré de ses déambulations, Rocket peut accéder au moindre recoin du chef-d'œuvre bisontin de Vauban, construit entre 1668 et 1683. "Dans la citadelle, il y a des endroits inaccessibles qu'on pourra voir, parce que Rocket arrive à ramper partout", explique l'élu franc-comtois, qui pense que l'expérience profitera notamment aux "personnes à mobilité réduite". "Avec les lunettes de réalité virtuelle, on peut se retrouver complètement dans la peau d'un visiteur, et avoir à l'image ce que ressent quelqu'un qui est sur site", promet-il.
"Son maître Hugo l'accompagne", le pilote avec "sa tablette", explique-t-il. Hugo Parent est le chef de la société Capture4cad, "une entreprise de Saône (Doubs), juste à côté de Besançon, qui a répondu à un appel à projets du ministère de la Culture et l'a remporté", se réjouit François Bousso. "L'objectif est de rentrer dans une médiation du XXIe siècle. La médiation culturelle évolue sans cesse, et avec toutes cette récolte de données, on aura demain des possibilités infinies de médiation en réalité augmentée".
La réalité virtuelle pourrait-elle, à terme, se substituer à la contemplation directe des œuvres d'art ? François Bousso évoque le "travail de numérisation qui est fait sur des toiles d'art, grâce auquel des gens ne parcourront pas le monde à la rencontre d'une Joconde ou d'autres objets d'art". Toutefois, "l'objet numérique doit toujours être un complément", estime-t-il. "Rien ne vaut la citadelle en vrai". Depuis 2008, la forteresse est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Sur les onze autres sites du réseau Vauban, il est possible que ça fasse des petits
"On a d'autres sites patrimoniaux remarquables dans la ville qui pourront faire l'objet de cette numérisation", glisse le conseiller municipal. "Sur les onze autres sites du réseau Vauban (créé en 2005 à l'initiative de la ville de Besançon, ndlr) il est possible que ça fasse des petits", sourit-il.
La Citadelle abrite depuis 1959 un jardin zoologique, au sein duquel s'épanouissent, non loin de Rocket, des centaines d'animaux. À la différence du chien-robot, ces derniers sont de chair et d'os. Réputé pour la variété de ses espèces, le zoo est choyé par la majorité EELV en fonction depuis 2020. "Depuis le début du mandat, on a travaillé sur une démarche innovante de bien-être animal. présente François Bousso. L'idée, c'est de mettre autour de la table toutes les parties prenantes de la cause animale. On met autour de la table des animalistes, des scientifiques, des philosophes", détaille-t-il.
On met autour de la table des animalistes, des scientifiques, des philosophes
"Qu'est-ce que préserver la cause animale ? Qu'est-ce que le bien-être animal ? Comment interprète-t-on le comportement d'animaux qui ne parlent pas, ne peuvent pas nous dire comment ils se sentent dans leur vie de tous les jours ?", se demandent les experts sollicités. "L'idée est de se demander quelles espèces il serait pertinent d'avoir à la citadelle, ou pas", énonce l'élu écologiste. "On a un slogan : ‘moins d'espèces, plus d'espace'".
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