Le salon de l'agriculture commence demain. La loi d'orientation agricole est sur le point d'être adoptée. Issu d'un accord entre députés et sénateurs, ses défenseurs veulent simplifier la vie des agriculteurs. Ses opposants, eux, pointent une régression sur les exigences environnementales… Aujourd'hui à l'Assemblée, c'est le jour de la niche parlementaire du groupe Écologiste et Social, qui peut avoir l'initiative sur un certain nombre de textes : PFAS, plans de licenciement en France, sécurité sociale alimentaire… Pour expliquer cela, Benjamin Lucas, député écologiste, est aujourd'hui au micro de RCF-Radio Notre-Dame.
Benjamin Lucas député des Yvelines, affilié au groupe écologiste et social à l'Assemblée nationale dont s'ouvre aujourd'hui la niche parlementaire. La loi d'orientation agricole a été largement adoptée par l'Assemblée. Néanmoins, pour le député, cette loi n'améliorera pas en réalité le quotidien des agricultrices et des agriculteurs, elle marque au contraire des reculs sur le bio, des reculs sur la protection de l'environnement, mais de fait aussi, elle ne saisit pas la nécessité de protéger aujourd'hui nos agriculteurs des chocs qui vont arriver avec le réchauffement climatique et qui imposerait de repenser, de changer de modèle pour notre alimentation, pour nos agriculteurs, pour notre santé. C'est un rendez-vous manqué avec l'histoire ce texte.
Les agricultrices et les agriculteurs sont les premiers à manipuler des produits dangereux, les premiers à être victimes aujourd'hui d'un système dérégulé, les premiers à être victimes d'une puissance publique qui a démissionné pour protéger la santé de nos compatriotes. La réalité, c'est que dans ce qu'il restera financièrement aux agriculteurs à la fin du mois, resterons dans la pauvreté, dans la précarité. C'est l'une des professions où on se suicide le plus, il y a un mal-être terrible. Nous sommes tous confrontés sur notre territoire, dans nos circonscriptions, à des femmes et à des hommes qui consacrent toute leur vie à leur métier, qui ne prennent pas de vacances, qui ne prennent pas de week-end et qui n'arrivent pas eux-mêmes à se nourrir convenablement, qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts, à vivre dignement. Nous avons donc considéré que cette loi n'apportait pas des réponses à la hauteur de ce que nous leur devons. Pourtant, les agricultrices, les agriculteurs, disent qu'il y a un certain nombre de dispositions qui peuvent leur permettre d'alléger une certaine charge mentale.
Le salon de l'agriculture s'ouvre samedi, c'est un grand événement populaire qui connecte l'ensemble du pays avec celles et ceux qui le nourrissent, qui nous font vivre, qui font aussi la fierté et la richesse de notre pays, y compris à l'international.
Je serais heureux d'y aller avec mon fils, ce sont des moments aussi de communion, on en a besoin je pense dans la période dans laquelle on est, d'avoir des grands moments fédérateurs, donc évidemment il y a de l'hypocrisie de la part d'un certain nombre de dirigeants politiques, mais c'est aussi un moment de revendication, de prise de conscience aussi pour ceux qui y vont, on a besoin de cette vitrine, elle est précieuse, je crois que le monde agricole y répond quand même toujours avec enthousiasme et ça doit être ça notre boussole.
Les PFAS, sont des polluants éternels. Il y en a partout, presque partout, avec très peu, trop peu d'informations, et ce sont des produits extrêmement dangereux. Tous les jours, dans notre vie quotidienne, nous sommes confrontés à ces polluants éternels, et souvent sans le savoir.
Il s'agit aujourd'hui d'arriver au bout du processus parlementaire et enfin, d'adopter l'interdiction de ces polluants éternels, tout simplement pour protéger notre santé. Il n'est pas normal que dans des gestes de la vie quotidienne, on prenne un risque pour sa santé, qu'on absorbe des produits cancérigènes, cancérogènes, alors qu'on pourrait faire autrement. Cela devient donc aussi une mesure de protection des Français. Il y a quelque chose qui peut interroger ceux qui nous écoutent. C'est à la fois, très dangereux, et c'est un projet qui fait consensus, ou une proposition de loi qui fait consensus. Cette proposition de loi est soutenue, y compris par le gouvernement. Néanmoins, elle peine à être adoptée.
Je pense qu'il y a une puissance d'un certain nombre de lobbies, industries, chimiques, etc., qui malheureusement a une influence considérable sur notre vie parlementaire. Et ça, je le regrette et je le déplore. Mais si on arrive à aboutir ce texte ce matin ou cet après-midi, je crois qu'on aura fait œuvre utile pour l'intérêt général, et justement pour montrer que le Parlement peut s'affranchir du poids des lobbies et de la pression qu'ils peuvent exercer sur les parlementaires.
D'abord, il faut se demander quel est l'accord conclu entre M. Macron et Mme Le Pen pour ce soutien tacite, parce que s'abstenir, c'était faire passer M. Ferrand. Le RN n'a cessé de dénoncer M. Ferrand, M. Macron, tout ce petit monde-là, y compris d'attaquer durement le Conseil constitutionnel, de vouloir remettre en cause son indépendance, de vouloir remettre en cause sa capacité à dire le droit. Finalement, il s'abstient sur M. Ferrand.
Ce que je sais c'est qu'il y a peut-être un intérêt convergent entre, peut-être que Madame Le Pen d'abord a intérêt à avoir un président du Conseil constitutionnel qui est faible.
Monsieur Ferrand, a été rejeté par une majorité de parlementaires. La règle est qu'il faut les trois cinquièmes pour le rejeter. Donc il a pu passer parce qu'il lui a manqué une voix à se rejeter les trois cinquièmes. Mais il est minoritaire parmi les représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat pour cette nomination. Donc il est faible. Parce qu'il est perçu, à juste titre, non pas comme un grand serviteur de l'État, mais obligé du président de la République et comme un ami du président de la République.
Je suis très inquiet parce que la confiance de nos concitoyens dans la démocratie et dans les institutions s'effrite jour après jour.
Avoir une institution comme le Conseil constitutionnel, qui va être affaiblie par la nomination de Richard Ferrand, va encore plus affaiblir notre démocratie.
C'est peut-être ça l'intérêt que recherche Mme Le Pen qui de mon point de vue est une adversaire de la République et de la démocratie, elle combat le Conseil constitutionnel, on l'a vu au moment de la loi immigration il y a plus d'un an maintenant, le Conseil constitutionnel a dit le droit et a invalidé une loi qui était en partie, qui était un constitutionnel. Elle est depuis est en croisade contre le Conseil constitutionnel. Je pense que Mme Le Pen et M. Macron ont des intérêts convergents et que malheureusement ces intérêts convergents desservent la cause de la République et de la démocratie.
Chaque matin, Pierre-Hugues Dubois reçoit une personnalité au cœur de l’actualité nationale ou internationale. Décryptage singulier de notre monde et de ses enjeux, mais aussi découverte d’un parcours, d’un engagement. Au cœur de la grande session d’information du matin, une rencontre quotidienne pour prendre de la hauteur avec bienveillance et pour donner du sens à l’information.
Suivez l’actualité nationale et régionale chaque jour
France
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !