La France se débat avec un déficit public beaucoup plus important que prévu 5,5 % du PIB en 2023. Forcé de trouver plusieurs dizaines de milliards d’euros d’économies en urgence, le gouvernement veut baisser les dépenses. Mais des voix s’élèvent pour demander à l’exécutif de jouer aussi sur le levier des recettes.
L’hypothèse est pour l’instant écartée par l’exécutif. C’est une ligne rouge contraire à la politique menée depuis 2017 par Emmanuel Macron. Le ministre de l'Économie Bruno Lemerre martèle qu’il n’y aurait pas d’augmentation d’impôts pour tous les français. Mercredi soir sur TF1 le Premier ministre Gabriel Attal a nuancé : "pas d’augmentation pour les classes moyenne. Pas de hausse sur les impôts qui permettent de financer le travail des Français". Et sur les superprofits, il a dit ne pas avoir de "dogme sur cette question."
"Il sera difficile pour le gouvernement pour ne pas dire impossible de sa passer de nouvelles recettes pour retrouver la trajectoire des 3 %" estime Henri Sterdyniak, économiste à l’OFCE, fondateur du collectif des économistes atterrés. Car utiliser seulement le levier des dépenses comporterait aussi un "risque d’amorcer un cycle récessif" selon Léo Charles, maitre de conférence en sciences économique à l’université Rennes. "On sait qu’en période de ralentissement de la croissance, on a besoin de soutenir soutenir la consommation et l’investissement. Et là, on a l’impression que le gouvernement veut taper trop vite et trop fort."
Plusieurs députés de la majorité et la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ont évoqué récemment des hausses d'impôts ciblées ou une taxe visant les superprofits. Cette solution est aussi réclamée par la gauche avec une hausse de la fiscalité pour les plus riches. L'idée d'une taxe des superprofits plane depuis deux ans. Elle aurait l’avantage, pour le gouvernement, de ne pas être impopulaire dans l’opinion. Mais elle reste une mauvaise idée pour Agnès Verdier-Molinier, directrice de l’IFRAPS : "On est déjà le pays qui taxe le plus. Est-ce que l’on croit vraiment que les sièges des entreprises du CAC 40 vont rester en France, si on leur impose une taxe supplémentaire sur leurs profits le problème vient d’abord du dérapage de la dépense publique".
Un coup de rabot sur certaines niches fiscales est aussi évoqué.
Certaines sont très critiquées pour leur efficacité, notamment par la Cour des comptes. "Le crédit impôt recherche aux entreprises coûte 7 milliards à l'Etat. On pourrait le réserver uniquement à celles qui augmentent leurs investissements de recherche pour en réduire le coût" explique Henri Sterdyniak. "Mais raboter les niches revient in fine à augmenter l’impôt. S’il y a des niches, c’est qu’il y a trop d’impôts" souligne, de son coté, Agnès Verdier-Molinier.
Les prochaines semaines seront cruciales pour les finances publiques. Un débat aura lieu à l’Assemblée Nationale le 29 avril. Les agences de notation Fitch et Moody's dévoileront leurs notations pour la France le 21 avril.
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