L’incroyable de cette promesse est que Dieu consent à être dépendant de l’homme. Nous pouvons l’abandonner ; Il ne nous abandonnera pas. Savoir que ce monde est autant aimé confère une responsabilité : donner une place à ceux qui ne l’ont pas ou plus. Les deux disciples sur le chemin d’Emmaüs ne pensaient plus l’avoir. Ils s’effacent. Quand ils reconnurent le Christ au signe du partage, bien que disparaissant à leurs regards, ils saisissent dans ce retour vers Jérusalem que c’est dans la relation au frère qu’ils verront le visage du Ressuscité, signe de l’éternité commencée.
Le Ressuscité fait de nous des « ressuscitants ». Souvenons-nous de la prière de Jésus : « ils ne sont pas du monde mais je ne les retire pas du monde ». Par la foi, nous sommes des envoyés dans ce monde. Pour quoi faire ? Travailler à plus de justice - Heureux ceux qui en sont les artisans, appelés fils de Dieu pour susciter des espaces de lumière, permettant de sortir de la pénombre. Habitat et Humanisme se doit, dans un souci de justice, de tout faire pour que les plus fragiles trouvent enfin ce toit qui leur est refusé au motif…de leur misère et ce, dans le champ du logement social. Une iniquité malheureusement supportée. Quelle injustice.
Il ne s’agit pas seulement de constater, ce qui est facile, mais de transformer ce qui doit l’être pour qu’entre les plus vulnérables et les autres, une fraternité se construise. Elle relève du droit sans se départir de l’amour qui n’a pas à rechercher un équilibre entre deux plateaux, l’objectif étant une voie montante pour tous vers la maison commune. L’Evangile est un appel à une fraternité, non point à consentir à des archipels où l’autre parce qu’il est étranger, étrange, se trouve à part. L’humanisme est un soin qui ne se donne pas à distance mais dans une proximité pour bâtir la civilisation de l’amour. Nous sommes là au cœur de l’intuition spirituelle d’Habitat et Humanisme, se laisser habiter par l’Esprit, ce souffle d’amour pour que l’acte d’habiter soit signe de cette vie nouvelle et donc éternelle à laquelle la vie baptismale nous invite à donner cœur et corps.
Dans un texte appelé L’enracinement que lui commanda le Général de Gaulle et que publia à titre posthume Albert Camus en 1949, Simone Weil, bouleversée par l’Evangile, écrivait : « l'enracinement est peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l'âme humaine. C'est un des plus difficiles à définir. Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir ». La foi ne viendrait-elle pas accomplir ce pressentiment à devenir ce que nous sommes pour faire advenir un monde plus humain. Le divin alors ne se révèlera plus l’étrange.
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