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Des films palestiniens comme témoins d'une Gaza disparue

Des films palestiniens comme témoins d'une Gaza disparue

Un article rédigé par M.-L.W. - RCF Alsace, le 16 avril 2024  -  Modifié le 18 avril 2024
Les Trois Questions · RCF Alsace Gaza : la résilience des Palestiniens dans les films

Jusqu'au 20 avril, 5 cinémas à travers l'Alsace présente une sélection de films palestiniens. Seuls témoins de la Gaza d'avant les bombardements, ils ont été réalisés dans des conditions déjà difficiles et manifestent l'esprit d'un peuple résilient.

© Ruth Goodwin, du comité d'organisation du Festival du film Palestinien en Alsace jusqu'au 20 avril 2024 @RCFAlsace © Ruth Goodwin, du comité d'organisation du Festival du film Palestinien en Alsace jusqu'au 20 avril 2024 @RCFAlsace

Que reste-t-il de Gaza? Depuis plusieurs mois, les bombardements détruisent le paysage de la ville palestinienne, seuls témoins de la Gaza d'avant. Des films tournés sur place avant la résurgence du conflit israëlo-palestinien sont présentés dans quatre villes d'Alsace lors du Festival du film palestinien

Ruth Goodwin fait partie du collectif judéo-arabe et citoyen pour la Palestine (CJACP) qui porte ce Festival se déroulant jusqu'au 20 avril à Strasbourg, Mulhouse, Sélestat et Obernai. 

RCF Alsace : La situation actuelle de Gaza a-t-elle modifié la programmation de cette 5e édition dans le climat actuel ? 

Ruth Goodwin: Cette année, nous avons du reporter le Festival, prévu initialement au mois de décembre, deux mois après les attentats. A ce moment-là, le climat était très tendues. Mais pour le CJACP, il est important de continuer à montrer la vie du peuple palestinien qui vit et veut s'exprimer comme tout le monde.

RCF Alsace : Que représente les films palestiniens ?

Ruth Goodwin: Ils sont réalisés dans des circonstances difficiles, notamment pour trouver les fonds, c'est la raison pour laquelle les films palestiniens sont pratiquement toujours des coproductions, soit dans les pays du Proche-Orient, avec des pays européens, ou avec des pays américains. C'est vraiment un parcours de combattant, probablement pour chaque réalisateur et réalisatrice d'arriver au bout de leur film.

RCF Alsace: Vous évoquez l'importance de montrer le quotidien du peuple palestinien par ces films ? Est-ce la raison pour laquelle vous avez choisi d'insérer de la comédie dans la programmation ? 

Ruth Goodwin: Tout à fait. Il s'agit surtout  du long métrage Gaza Week end. L'histoire, c'est que comme Gaza est tellement isolé, c'est le seul endroit sur Terre qui est protégé d'un virus qui arrive sur Terre. Un couple brittanno-israélien décide donc d'y aller et l'on suit leurs péripéties burlesques à travers les checkpoints, les tunnels, les rencontres, les familles qui essaient de les aider et qui ont peur. Basile Khalil, le réalisateur a d'ailleurs eu cette idée avant le Covid et a fini de filmer juste avant le confinement ! Et c'est très drôle !

RCF Alsace: Comment définir cet humour palestinien ?

Ruth Goodwin: C'est un humour très digne, parce qu'il existe "malgré tout" ce qui est vécu au quotidien. Malgré le fait que tout ce qu'on voit dans ce film au niveau bâtiment et au niveau vie des peuples n'existe plus actuellement. On se relève, et on va rire.  

RCF Alsace :  Vous venez de le dire, pour ce film Week end à Gaza et d'autres,  certaines scènes ont été tournées à Gaza, dont la majorité a été détruite ou endommagé par des bombardements ou des tirs. Finalement, ce festival, cette année n'est-il pas porteur d'une dimension de témoignage ? Avec des films témoins d'une réalité, d'une vie, mais aussi d'un patrimoine complètement disparu ? 

Ruth Goodwin: Complètement ! Je pense aussi à un autre film poignant, Erasmus in Gaza. C'est l'histoire d'un jeune italien en études de médecine qui décide de faire son année Erasmus à Gaza, dans l'hôpital universitaire à Gaza City. Et là donc, on voit l'hôpital universitaire qui existe toujours mais a été bien endommagé par le conflit actuel. Et quand on sait ce qui arrive aux hôpitaux aujourd'hui à Gaza, c'est presque insupportable de voir le film.

RCF Alsace: Vous êtes d'origine anglaise. A quel point cette situation en Palestine vous touche personnellement ?  

Ruth Goodwin: Mes parents étaient des réfugiés juifs allemands ayant fui le nazisme dans la fin des années 1930. J'ai grandi en Angleterre. Je sais donc ce que c'est d'être un réfugié, d'être traumatisé par un conflit affreux et je sais aussi l'impact que ça a eu sur moi, deuxième génération. Aussi, lorsque je vois les images insoutenables qui sortent en ce moment de Gaza, je pense au traumatisme de tous ces peuples-là, des enfants, des femmes, des vieillards, des hommes. Et je pense aussi au traumatisme que risquent de vivre les descendants. On se remet pas d'une chose aussi affreuse facilement. J'ai eu beaucoup de chance car mes parents m'ont élevée dans un très fort sens de justice. C'est pour cela que je m'engage sur ce sujet brûlant et très difficile.


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© 3QA Alsace
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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