Quand des hommes et des femmes ayant connu la grande pauvreté se rendent au Vatican interroger le pape François, cela donne une interview d'une grande authenticité. Avec des questions "sans filtre", que sans doute personne n'aurait osé posé au chef de l'Église catholique ! Mais des réponses tout aussi directes du pape lui-même, sur des sujets graves ou insolites... Le contenu de ces entretiens paraît ce vendredi, sous le titre "Des pauvres au pape, du pape au monde" (éd. Seuil).
Ce livre est l’un des fruits du premier confinement. Pour les 10 ans de l’association Lazare, 200 personnes devaient rencontrer le souverain pontife à Rome en mai 2020. Rencontre annulée en raison de la pandémie. L’association a donc proposé au pape de rencontrer les personnes qu’elle accompagne. Des hommes et des femmes ayant connu la grande pauvreté et la vie à la rue. Accueillies au Vatican, dans la maison Sainte-Marthe, elles se sont livrées à l’exercice de l’entretien.
"C’est une des grâces des personnes les plus pauvres et les personnes en galère, c’est qu’il n’y a pas de filtre", nous dit Pierre Durieux, le secrétaire général de l’association. "Du coup, ont été posées des questions que peut-être jamais personne n’avait oser poser à aucun pape auparavant !" Cet entretien fait l’objet d’un livre, "Des pauvres au pape, du pape au monde", publié ce vendredi 1er avril aux éditions du Seuil, et pour lequel un site internet a été créé. Les droits d'auteurs seront reversés aux ONG qui y ont contribué.
Dès les tout premiers jours de son pontificat, en mars 2013, le pape François avait eu cette formule restée célèbre : "J’aimerais une Église pauvre pour les pauvres." Ceux qui sont venus l’interroger au Vatican n’ont pas manqué de le lui rappeler. "Quand on voit l’anneau pontifical, les musées, les palais du Vatican… Le pape a été mis plusieurs fois face à ses contradictions." Au sujet de la pauvreté, "des questions sont revenues fréquemment et n’ont pas été éludées", salue Pierre Durieux.
"Il y a eu des questions cash et des réponses... assez cash aussi !" Ainsi, lorsqu’il a été questionné sur ses propres défauts, le souverain pontife a déclaré qu’il était "impatient, soupe au lait, que parfois, il décidait trop vite, trop seul, qu’il était tenté par le risque de l’autosuffisance…"
Le chef de l’Église avait à sa disposition un buzzer. Il pouvait appuyer dessus au cas où il ne voulait pas répondre. Mais quand on le lui a proposé, "il a haussé les sourcilles en disant je n’ai pas besoin de ça, je répondrai à toutes vos questions évidemment", rapporte Pierre Durieux. Toutes les questions, y compris sur sa vie amoureuse ou sa voiture préférée. Le pape a même avoué qu’il lui arrive de s’endormir à la messe. Il a toutefois insisté sur l’importance de la prière, qui "harmonise sa vie" et qu’il voit comme "un remède contre l’assèchement de l’âme".
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