Le 24 février 2022, le monde découvrait avec stupeur l’offensive russe en Ukraine. Alors que le conflit s’enlise dans une troisième année, ce qui devait être une attaque surprise s’est transformé en guerre d’usure. La mobilisation ukrainienne s’articule autour d’une forme de double engagement : militaire et intellectuel. Portrait de Roman Sigov, jeune sociologue ukrainien devenu, du jour au lendemain, fixeur pour les médias français.
Le 24 février 2022, Roman Sigov n’est pas à Kiev, sa ville de résidence. Lorsque l’offensive russe éclate, il est avec ses proches, dans la demeure familiale, en périphérie de la capitale. Ce n’est que quelques jours plus tard qu’il reprendra le chemin de Kiev et mesurera les premiers impacts laissés par la guerre. S’engager pour soutenir son pays est une évidence pour lui, mais la forme que prend cette implication n’est pas celle qu’il envisage dans un premier temps. À 24 ans, l’armée est la première piste qu’il compte suivre. Il a terminé ses études en sociologie et maîtrise plusieurs langues (cinq au total). Alors lorsque ses pas l’amènent à rencontrer des journalistes français, ses plans changent. Il souhaite proposer son aide en tant que fixeur.
Un métier qu’il apprend sur le tas, lui qui jusque-là, ne connaissait pas l’existence de cette profession si précieuse pour les reporters de guerre. Le voilà guide et interprète, à mener les équipes du groupe radio France près du front. Il fait l’intermédiaire entre les officiels et les médias, assure la traduction entre le français et l’ukrainien. Il découvre le principe de neutralité et la difficulté à parfois faire comprendre aux journalistes les enjeux des évènements en cours.
Aujourd’hui, Roman Sigov est réfugié à Strasbourg, où il a repris des études en droit. Un double cursus, mené de pair avec un master d’études européennes d’une université belge. L’Europe justement, lui est très chère. S’il salue l’aide européenne et internationale et éprouve une reconnaissance certaine vis-à-vis de l’aide citoyenne et militaire pour son pays et les réfugiés ukrainiens, il entretient pourtant la conviction que sauver l’Ukraine, c’est aussi sauver les valeurs démocratiques européennes.
Une autre conviction l’anime, religieuse cette fois. Difficile, toutefois, de mettre des mots sur la façon dont se vit la foi en temps de guerre. Si parmi ses proches, certains l’ont perdue dans l’horreur du combat, d’autres, au contraire, ont découvert Dieu de façon inattendue. Une seule certitude toutefois,
La place du spirituel devient plus forte dans la guerre.
Une fois ses études terminées, Roman Sigov espère retourner en Ukraine, patrie vers laquelle il revient déjà régulièrement.. et où la vie suit étrangement son cours, au gré des alertes et des bombardements.
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