La charité est un pilier de la religion chrétienne. Ce souci du partage, de la solidarité et de l’aide aux plus fragiles apparaît dès les premières communautés chrétiennes. Les plus grands saints comme les religieux ont d’ailleurs fait le vœu de vivre dans la pauvreté pour être plus proches de Dieu et des autres. Aujourd’hui, le nombre de personnes en situation de précarité en France s’approche des 11 millions, ce qui rend l’action des diaconies, ces institutions en charge de la charité chrétienne, plus que nécessaire.
"Depuis toujours, l’Église aime les pauvres et c’est Jésus lui-même qui nous appelle à les aimer", rappelle Etienne Villemain, fondateur de Fratello et du Village de François. De nos jours, les personnes pauvres sont partout et de plus en plus nombreuses, mais la majorité des Français ferment les yeux sur cette réalité qui dérange. Les formes de pauvreté sont d’ailleurs multiples. Pour le frère franciscain Nicolas Morin, il existe deux types de pauvreté : "La première pauvreté c’est la solitude, ne pas avoir quelqu'un sur qui compter, et la deuxième, c’est être privé de la rencontre avec Dieu, la pauvreté spirituelle".
Alors que les chiffres sont de plus en plus alarmants et que les pauvres sont présents à chaque coin de rue, la tendance générale est à l’indifférence. "Beaucoup de personnes se retrouvent en situation de paupérisation", explique Bénédicte Fuger, éducatrice spécialisée aux Amis de Jéricho, avant d’ajouter que "ce sont des personnes qui travaillent mais dont les ressources ne permettent plus de subvenir à leurs besoins". La crise sanitaire, les confinements et l’inflation ont favorisé cette situation. "On veut souvent faire taire les pauvres", estime Gilles Rebêche, diacre responsable de la diaconie du Var, puisqu’ils sont "gênants" et "pénibles". C’est pourquoi il insiste sur le fait de "passer de l’hostilité à l’hospitalité".
Cependant, "c’est en rencontrant les pauvres que l’on rencontre le Christ", indique Etienne Villemain selon lequel "vivre avec les autres et en être proche fait vivre l’Évangile". En effet, les textes bibliques incitent le chrétien à venir en aide aux personnes dans le besoin et à faire acte de charité. Saint François d’Assise incarne parfaitement cette vision qu’il faut avoir des personnes dans le besoin puisqu’il les aime et les aide. Gilles Rebêche le rappelle : "on est tous confrontés à un moment donné à la précarité".
"Le terme diaconie est le mot le plus utilisé dans les testaments", affirme Gilles Rebêche. Selon lui, "c’est l’identité de Jésus qui se met à nos pieds". Il y a derrière la diaconie une véritable idée de service qui s’est perdue un temps avant que l'ancien pape Benoît XVI ne redéveloppe ce système. Depuis, bon nombre de diocèses et paroisses ont pris des actions. "On doit être tourné vers les périphéries, vers ceux qui sont un peu loin de l'Église", affirme Benoît Mangenot, diacre au diocèse de Rennes.
"Aider les pauvres est un apport culturel et ils sont un public riche", d’après Bénédicte Fuger. Les Amis de Jéricho, une association attachée à la diaconie du Var, propose sans condition un accueil de jour pour les personnes isolées. "On a ouvert un tiers-lieu alimentaire pour les familles, un service de distribution de nourriture dans la rue et des services élémentaires, notamment de douches", détaille Barbara Kervadec, la directrice de l'association Les Amis de Jéricho. L’accueil de ces personnes permet de répondre à leurs besoins et de les réinsérer quand cela est possible.
"Pendant des années, j’ai vécu avec des personnes de la rue et ça m’a rendu heureux", confie Etienne Villemain dont la vie a été "bouleversée" par cette expérience. "Cela rend plus humain et plus proche de Dieu", selon lui. Aider dans une diaconie apporte tant à l’aidant qu’au receveur. "La pauvreté donne souvent un sentiment de honte, de ne servir à rien", juge Gilles Rebêche, pour lequel "ces personnes ont un courage, de l'espérance et une force qui inspirent et nous éduquent", juge Gilles Rebêche. Pour Etienne Villemain, "il est important d’être missionnaire pour ceux qui sont en périphérie de nos vies". Il conclut : "Invitez les pauvres, votre joie sera grande !".
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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