Le décrochage des vitraux de Louis Ribes, prêtre pédocriminel surnommé le « Picasso des églises » décédé en 1994, a commencé dans les Monts du Lyonnais. Il s'agit d'une étape importante dans le processus de reconstruction des victimes agressées par ce prêtre durant leur enfance.
Perchés sur un échafaudage, deux maîtres verriers cassent le béton qui entoure huit vitraux de l'église du village de Sainte-Catherine (Rhône). Leur point commun ? Tous ces vitraux ont été réalisés par Louis Ribes, prêtre du diocèse de Lyon décédé en 1994, connu de son vivant pour ses œuvres colorées.
Il aura fallu attendre 28 ans après sa mort, pour que des adultes parviennent à révéler les agressions sexuelles dont ils avaient été victimes de la part du père Ribes dans leur enfance. Petit à petit, les témoignages se sont multipliés pour rendre compte d'un même procédé : le prêtre prenait prétexte de séances de peinture pour faire poser les enfants nus et les agresser sexuellement. Entre 50 et 70 enfants auraient été victimes, pour des faits perpétrés pendant les années 1970 et 1980.
Un collectif de victimes de Louis Ribes s'est créé et a rapidement demandé le retrait des œuvres du prêtre. Si les tableaux ont rapidement été retirés par le diocèse de Lyon, la question de la dépose des vitraux a été plus longue à se mettre en place. Le diocèse de Lyon a pris contact avec les mairies concernées, les églises construites avant 1905 étant la propriété des communes. Aujourd'hui, toutes les municipalités sont favorables au retrait des vitraux qu'elles abritent, sauf celle de Givors.
Le démantèlement des vitraux a commencé au mois d'août 2023 à Dième, dans les Monts du Lyonnais. Ce mardi 24 octobre, le collectif de victimes de Louis Ribes a été invité à assister à l'opération de dépose des huit vitraux de l'église Sainte-Catherine, dans le village du même nom.
Une étape essentielle dans le processus de reconstruction selon Annick Moulin, cofondatrice du collectif de victimes.
Voir ces vitraux descendus est une grande avancée pour nous. On a entendu les cris de gamins qu'on a encore au fond de nos tripes. Je vais pouvoir dire que ce que j'ai subi n'est plus à la vue de tout le monde. Quand je passerai à Sainte-Catherine, je ne verrai plus ces vitraux, je n'aurai plus à détourner la tête. Louis Ribes continue à me faire peur et ses vitraux continuaient à me faire peur. Maintenant, il n'aura plus d'emprise sur moi. Ce qu'il m'a fait subir sera toujours là, mais le fruit des séances de pose, ces vitraux, ces tableaux, ne seront plus là.
A Sainte-Catherine, l’opération de dépose des vitraux de Louis Ribes, de commande et de pose de nouveaux vitraux coûtera au total 36 000 euros, entièrement pris en charge par le diocèse de Lyon. Il s'agit du chantier le plus important de dépose de vitraux, avec le plus grand nombre (huit), et les plus grands. Les vitraux déposés seront stockés dans un local municipal du village, mais seront-ils ensuite détruits ? Pas pour le moment, assure Laurence Robert, déléguée générale du diocèse de Lyon, pour une question de respect de la loi sur la propriété artistique.
Pour l'instant ces vitraux ne peuvent pas être détruits. Ils restent attachés à une réalisation artistique et à un droit moral. Ce droit moral est incessible et transmissible aux ayant-droits de Louis Ribes. Le diocèse de Lyon a missionné un généalogiste pour retrouver tous les ayant-droits de Louis Ribes et pour obtenir leur accord. Il faut l'accord de chacun des ayant-droits. Une fois ces accords obtenus, la destruction des vitraux pourra être envisagée.
En attendant, la dépose des vitraux va se poursuivre dans les semaines à venir à Loire-sur-Rhône, Charly et Caluire, soit une trentaine de vitraux au total, dans cinq églises différentes du diocèse de Lyon.
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