En 2018, il publiait "Sortir du chaos. Les crises en Méditerranée et au Moyen-Orient". Quelques années plus tard, le brouillard est loin de s’être dissipé. De la politique internationale de Donald Trump en passant par une crise sanitaire sans précédent, Gilles Kepel, spécialiste du monde arabe, partage un nouveau regard sur le monde. Il publie "Le Prophète et la pandémie : du Moyen-Orient au jihadisme d’atmosphère" aux éditions Gallimard.
Dans ce livre, Gilles Kepel, parle de "djihadisme d’ambiance", une notion difficile à définir sur le plan juridique. "Il faut essayer de faire le diagnostic, explique le spécialiste. Après on voit comment on traite la maladie mais on ne peut pas se mettre les deux mains sur les yeux et se dire tout va bien." Beaucoup de mutations ont été observées dans le djihadisme depuis plusieurs années. Aujourd'hui, Gilles Kepel constate que les "entrepreneurs de colère", formule empruntée à Bernard Rougier peuvent influencer d'autres personnes, par le simple fait de voir des passages à l'acte terroristes.
Pour lutter contre ce djihadisme islamiste, le gouvernement a mis en œuvre un projet de loi dit contre les séparatismes. Il a été adopté en avril dernier et a pu être perçu comme un obstacle aux différents cultes en France. "Le séparatisme est islamiste donc il ne concerne pas les autres. Je crois qu’il ne s’agit en rien de mettre un obstacle quelconque à la liberté de culte mais de réaffirmer des principes de la loi de 1905 et d’éviter que sous couvert de propagation de doctrine religieuse, on vise à la destruction de la société française par l'intérieur", affirme Gilles Kepel.
Dans cette lutte contre le terrorisme islamiste, les relations internationales ont leur importance. La Turquie a un poids très lourd. En juillet 2020, son président Recep Tayyip Erdogan, a ré-islamiser la basilique Sainte-Sophie, devenue mosquée. Un marqueur de l'islamisme turc selon Gilles Kepel. "L’islamisme turc est très organisé. [...] Les fédérations turques n’ont pas voulu signer la charte de l’islam de France et que ça reste un élément de négociation énorme entre les mains du pouvoir turc aujourd'hui", conclut-il.
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