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Dominique Potier: "Il faut retrouver le sens de la fraternité avec les plus fragiles"

RCF,  - Modifié le 16 mars 2018
Agriculteur, socialiste, député de la 5ème circonscription de Meurthe-et-Moselle, Dominique Potier affirme son espérance en ce jour d'élection au sein de son parti.
2018 Dominique Potier2018 Dominique Potier

ELECTION AU PARTI SOCIALISTE : QUITTER LE PAYS DES MORTS ?

Le député socialiste reprend les mots d’Eric Fottorino pour affirmer : « ce printemps est le moment où on va quitter le pays des morts » qui perdure depuis la sidération des dernières élections. Ce jeudi, les militants socialistes sont en effet appelés à se déplacer pour départager les quatre candidats au poste de Premier secrétaire du Parti socialiste. Pour Dominique Potier, il s’agit de rassembler et d’inventer le futur.

D'après lui, pour que le PS renoue avec les électeurs, celui-ci devra répondre à trois questions importantes : en premier lieu le sens du progrès, puis la question de l’Europe et de la mondialisation, et enfin la relation entre l’individu et la société. Dominique Potier se dit parfois « fatigué » par cette gauche qui s’est battue pour la conquête de droits individuels. Face à cette gauche, le député de Meurthe-et-Moselle appelle de ses vœux une « gauche des droits et des devoirs qui cherche à bâtir et qui bâtisse concrètement, en cohérence, une société civique ».

« Il faut retrouver le goût des autres, le sens de la fraternité avec les plus fragiles. Si nous avons perdu cette boussole, nous ne sommes plus la gauche » déclare Dominique Potier. En Europe, si la social-démocratie semble en berne, les racines de celle-ci sont toujours bien ancrées pour Dominique Potier. Le député socialiste insiste sur le caractère contemporain des questions et des limites qu’imposent le respect du bien commun et de la dignité humaine (changement climatique, souveraineté alimentaire, sens de notre vie).

Face à la mort annoncée du socialisme, Dominique Potier explique que s’il n’est pas fétichiste, il reste attaché à ce mot « socialiste » qui correspond à une histoire et à des personnalités importantes. Pour lui, le socialisme nous laisse comme héritage la passion pour la justice sociale, et pour l’égale dignité. Il reprend à son compte la définition de Paul Ricœur : « qu’est-ce que la vie bonne ? c’est l’estime de soi avec et pour les autres et dans des institutions justes ». Un combat infini.
 

Inquiétude par rapport à la politique gouvernementale

Le député de l’opposition reconnaît qu’il a manqué une boussole au moment des dernières élections. « Non seulement il faut agir –ce que fait ce gouvernement je crois à un rythme incroyable-, mais il faut donner un sens à l’action ». Dominique Potier se dit alerté par trois choses en particulier : l’illusion du dépassement du conflit au nom de la raison technicienne ou gestionnaire, l’excès de verticalité du pouvoir qui fait fi de la concertation avec la société civile, et enfin « cette injustice fondamentale, cette logique des 5 milliards redonnés dans le budget aux 10% des Français les plus riches ». « Est-ce qu’il n’y a pas autre chose à faire ? » s’interroge Dominique Potier. Et de déclarer : « il y a un problème de choix : le courage, il n’est pas d’aider les plus riches et les premiers de cordée, il est de consolider la cordée dans notre pays ».
 

Vers une entreprise nouvelle

Agriculteur, socialiste, Dominique Potier s’intéresse au monde de l’entreprise. Il a en effet été à l’initiative de la proposition de loi "Entreprise nouvelle et nouvelles gouvernances". « Il faut sortir de la suprématie actionnariale qui est une forme d’archaïsme dans le monde de l’entreprise, et il faut retrouver le sens de cette aventure formidable qu’est l’entreprise ». Le député insiste sur la nécessité de donner du sens et des limites à l’entreprise.
 

Enracinement spirituel et engagement politique

Enfin, Dominique Potier rappelle la séparation des champs religieux et politique. Il défend néanmoins que l’enracinement spirituel « donne la pleine capacité de bâtir de façon universelle et dans la diversité des alliances ». Avec espérance il déclare : « Je crois profondément que la laïcité est un cadre et un creuset pour le monde spirituel ».

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