Ils sont en première ligne pour assurer la continuité alimentaire. Alors que les agriculteurs font face aux contraintes de la crise sanitaire et du confinement, leur vocation de nourrir la nation prend aujourd’hui un sens plus radical. Ils en appellent à la solidarité de tous et à notre patriotisme.
Le gouvernement a décidé en début de semaine de fermer les marchés. Une mesure qui pénalise évidemment les producteurs français tout particulièrement les petits maraîchers. Hevé Pelletier, maraîcher à Bourg-en-Bresse (Ain), se rabat sur la vente de paniers de fruits et légumes à la commande. "Les gens précommandent leurs paniers, ça représente 10 / 15% de ce qu'on vendait sur le marché, c'est juste pour éviter de tout perdre mais ça dépanne." (Propos recueillis par nos confrères de RCF Pays de l’Ain.)
Mardi, l’État a appelé les grandes surfaces à s’engager pour offrir des débouchés aux agriculteurs. Pour Jérôme Volle, viticulteur et président de la commission Emploi à la FNSEA, cet engagement des grandes et moyennes surfaces est vital face à la concurrence espagnole. "On en appelle à la solidarité, au patriotisme et aux grandes surfaces de mettre en avant les productions françaises de saison."
Les distributeurs ont décidé de maintenir l’ouverture des rayons traditionnels, c’est à dire les boucheries, les poissonneries, les espaces fromages ou charcuterie. L’enseigne Carrefour s’est engagée à a vendre des fraises et des asperges cultivées en France. Les centres Leclerc ont indiqué faire la même chose pour les fraises.
À l’heure du confinement les modes de consommation changent : la fraise ne semble plus un produit prioritaire. "La fraise c'est un produit plaisir", explique Jean-Jacques Le Gall. Ce producteur de fraise envisage différemment son rôle et sa mission d'agriculteur. "Vous imaginez les gens qui sont confinés depuis une semaine, si ça dure un mois, au moins on aura l'occasion de leur faire plaisir en leur faisant manger des fraises relativement pas chères cette année, on a un rôle social à jouer, pas économique." Il répondait au micro de Pauline Daniel (RCF Finistère).
Ruée sur les œufs. Les commandes de la distribution en œufs, elles, ont plus que doublées. La France, premier pays producteur d'œufs en Europe, en met chaque année sur le marché plus de 14 milliards. Pour la filière, la production continue. "Elle continue à ceci près que lorsqu'on a une panne, c'est un peu plus compliqué en ce moment", rappelle Philippe Juven, éleveur dans la Drôme.
La fermeture des frontières empêche aujourd’hui la venue d'une précieuse main d’œuvre saisonnière venue habituellement d'Europe de l'Est, du Maroc ou de la Tunisie. Les agriculteurs ont besoin de 50.000 personnes en mars, 80.000 en avril et 80.000 en mai pour les récoltes de fraises ou d'asperges, pour effectuer les semis de printemps, tailler les arbres fruitiers ou encore d’entretenir les vignes. Les producteurs d'échalote sont aux pieds du mur, la pluie a retardé le moment de la plantation : ils ont désormais besoin de bras. Marc Keranguéven, producteur de légumes, lance un appel : "Nous avons besoin de main d'œuvre."
L'heure est à la solidarité. La FNSEA, le principal syndicat agricole, et le gouvernement ont lancé un appel à volontaires. 80.000 personnes se sont déjà manifestées. Le site internet Des bras pour ton assiette a été créé pour mettre en lien des agriculteurs en manque de main d'œuvre et des personnes prêtes à venir les aider.
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