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[Édito] Abus sexuels dans l'Église : quel doit être le rôle de RCF ? par Philippe Lansac

[Édito] Abus sexuels dans l'Église : quel doit être le rôle de RCF ? par Philippe Lansac

Un article rédigé par Philippe Lansac, directeur éditorial radio-podcast RCF - RCF, le 6 octobre 2021  -  Modifié le 6 octobre 2021
Émission Spéciale [Édito] Abus sexuels dans l'Église : quel doit être le rôle de RCF ? par Philippe Lansac

On s’attendait à un choc, on nous y avait même préparés ces derniers jours et le choc est effectivement terrible, face à l’ampleur du phénomène, son caractère systémique. Un choc qui génère énormément d’émotions, qu’on soit catholique pratiquant ou pas, proche ou loin de l’Église. Ces émotions qui nous traversent ce matin ce peut être la désolation, la tristesse, le dégoût, la colère, le découragement, paradoxalement peut être aussi une certaine forme d’apaisement face à la vérité enfin révélée. L’enjeu me semble-t-il, au-delà de ces émotions, c’est comment réagir.

©Unsplash ©Unsplash

 

Face au choc, les tentations sont grandes

 

- Tentation de se boucher les oreilles d’abord tant la vérité est violente, tentation de rejeter cette vérité, de la remettre en cause, tentation du déni au fond. "Il y a quelque chose de très brutal qu’il nous faut oser écouter, affronter", a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), ces derniers jours avant même la publication du rapport ;

 

- Tentation du déni, tentation de la colère aussi. "La première réaction ne doit pas être de nous braquer ou de contester. Il y a un fait, il faut l’accueillir", a averti également le président de la CEF ;

 

- Autre tentation, celle de relativiser. Le premier lieu de la pédocriminalité ce sont les familles, pourront rétorquer certains pour minimiser les faits. C’est vrai, et le président de la Ciase l’a rappelé hier mais il a aussi déclaré qu’après les familles, l’Église est le milieu où la prévalence des agressions est le plus élevé, devant l'école, les camps de vacances et les associations sportives ; 

 

- Tentation de relativiser mais aussi de rejeter la faute sur l’autre. Les premiers responsables sont d’abord des prêtres et des religieux qui ont agressé des enfants mais, on l’a vu aussi hier dans le rapport Sauvé, les laïcs exerçant dans l’Église sont aussi responsables d’un tiers des abus. Et puis, au vu de l’ampleur systémique, la question du silence des familles est aussi majeure. Bref, la question de notre responsabilité collective est fondamentale ; 

 

- Il pourrait y avoir aussi la tentation de vouloir passer à autre chose. On le sait, dans notre société surmédiatisée, un drame en chasse souvent un autre. Le risque est donc réel qu’on passe rapidement à autre chose sans vraiment prendre le temps d’écouter les victimes et de travailler en profondeur. La tentation pourrait être aussi d’espérer de pouvoir profiter de ce phénomène d’un drame qui en chasse un autre, pour que notre Église ne soit pas salie trop longtemps

 

- Enfin il y a la tentation du chacun pour soi, de vouloir quitter le navire au milieu de la tempête, sans entourer les victimes d’abord, qu’elles soient dans ou en dehors de l'Église, mais aussi sans entourer la majorité des prêtres qui ne sont pas des prédateurs sexuels, et qui doivent se sentir profondément blessés d’être suspectés en permanence. Comment rester dans l’unité tout en regardant la réalité en face et en commençant à reconstruire ?

 

 

Alors comment réagir ?

Quel doit être le rôle de chacun désormais ? Et quel doit être le rôle de RCF en particulier - RCF qui fait aussi partie de l’Église - face à cette réalité ? C’est une vraie question que nous nous posons à RCF car toutes ces tentations que j’évoque ce matin, elles nous concernent en premier lieu, nous, journalistes à RCF. Comment être à la hauteur de notre mission, celle d’un média chrétien avec mission d’Église ?

 

Pour nous guider, il y la ligne éditoriale de RCF que nous avons réécrite en 2018 avec trois grands axes :

- Une radio qui me rapproche des autres (les victimes, les membres de l’Église, ceux qui en sont loin) ;

- Une radio qui m’invite à comprendre, à discerner, à chercher la vérité ;

- Une radio enfin qui nourrit ma vie la vie spirituelle et m’invite à rencontrer la personne du Christ si je le souhaite.

 

Ces derniers six mois, nous avons mené un travail complémentaire sur notre manière d’être éditoriale. Et le premier pilier que nous avons choisi pour la définir, c’est de parler de tous les sujets, même ceux qui sont difficiles, tabous. Avec pour référence cette phrase du pape François dans son encyclique Fratelli Tutti : "Une société est malade lorsqu’elle cherche à se construire en tournant le dos à la souffrance."

 

En point d’ancrage de cette approche éditoriale de RCF, et ce sera ma conclusion, une phrase du Christ : "Je suis le chemin, la vérité et la vie." Suite à ce rapport Sauvé, le chemin sera difficile, cela ne fait aucun doute, un chemin de vérité, et c’est ce qu’a entamé hier la commission Sauvé. Mais on le sait, la vérité rend libre, et c’est donc un chemin pour la vie, pour que les victimes puissent vivre, revivre, pour que l’Église puisse vivre, revivre.

 

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