Même dans les plus hautes sphères vaticanes, les remous du monde se font sentir. J’en veux pour preuve en effet ce colloque sur l’encyclique Humanæ Vitæ - le fameux texte de Paul VI en 1968 "sur le mariage et la régulation des naissances" - organisé par la chaire internationale de bioéthique Jérôme-Lejeune. L’encyclique publiée au lendemain des secousses de Mai-68 aura 55 ans en juillet prochain, et certains la verraient bien prendre une retraite anticipée.
C’est ce qui semble être le cas du président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Vincenzo Paglia, qui a réagi à l’organisation de ce colloque en évoquant notamment, dans les médias du Vatican, la nécessité de continuer à "réfléchir" et "discuter" au sujet de la contraception. Il répondait sans trop se cacher aux propos tenus un peu plus tôt en ouverture du colloque par... le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi ! Pour le cardinal Luis Ladaria, l’encyclique de Paul VI est porteuse d’une "vision prophétique".
Le haut prélat jésuite, gardien de la doctrine de l’Église catholique, s’inscrit dans la ligne des papes qui ont soutenu ce texte à contre-courant du monde. Jean-Paul II bien sûr, avec son développement de la théologie du corps, qui a enrichi la doctrine d’Humanæ Vitæ. Benoît XVI, qui affirma lors du 40e anniversaire du texte que "ce qui était vrai hier reste vrai aujourd’hui". Et le pape François, qui n’a de cesse de fustiger la baisse de la natalité, de mettre en garde contre les risques d’eugénisme, et a dit de l’encyclique qu’elle n’était ni "surannée" ni "fermée", mais prophétique.
Les partisans d’une évolution de la morale sexuelle de l’Église catholique affirment pourtant que le monde a changé. Cela ne fait aucun doute, et c’est d’ailleurs parce que notre époque est tentée de balayer la loi naturelle que l’actualité lumineuse d’Humanæ Vitæ doit être réaffirmée ! Si une réflexion doit avoir lieu, c’est sur l’approche pastorale de ces questions et la formation à ce texte exigeant. Le discours de l’Église doit pouvoir s’adapter au monde qui l’entoure. Mais son enseignement ne peut changer au gré des vents extérieurs, au risque de se diluer dans la société liquide, et de sembler une girouette désorientée, finalement néfaste.
Notre monde, bien qu’atteint de surdité dès qu’est brandi le mot morale, attend plus que jamais de l’Église qu’elle lui offre avec bienveillance des repères. L’Église continue de montrer une voie étroite et ardue pour le bonheur. Aux hommes de décider de la route qu’ils prennent. Mais on ne peut avoir le meilleur en s’éloignant de la vérité ! Et pour rendre service à la vérité, il faut aussi ne pas réduire Humanæ vitæ à une interdiction de la contraception, mais se nourrir de cet hymne à l’amour conjugal et approfondir la notion de "paternité responsable" qui y fait appel à la conscience des époux. Un horizon enthousiasmant qui explique, sans doute, la présence de tant de jeunes au colloque organisé à Rome !
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