Au lendemain de l'attaque d'Annecy, Benoist de Sinety rappelle que "devant l’innommable, il faut nous souvenir que ce Mal qui menace chacun de nos cœurs et chacune de nos intelligences, est le seul véritable ennemi à combattre"...
Enfants, nous avons grandi dans cette douce certitude que l’homme adulte est un protecteur. Par notre baptême nous connaissons la douce voix de Celui qui invite ses disciples à ne pas rabrouer les cris des tout-petits, et qui bénit les nourrissons qui lui sont présentés.
Le soir nous tremblions devant les loups ou les ogres affamés qui nous étaient contés, heureux de les savoir, au bout de l’histoire, vaincus par le parent sauveur ou la ruse du plus jeune. Nous apprenions que l’inhumain abjecte n’avait jamais le mot de la fin.
Puis, nous avons découverts, affolés, que l’adulte pouvait être un prédateur et que l’enfant se transformait en proie. Affolement qui s’augmente de la honte de découvrir que parfois même, ce sont ceux qui doivent ouvrir les cœurs à l’Amour de Dieu, qui blessent à jamais ceux qu’ils doivent servir.
Et nous voici maintenant aux bords du lac d’Annecy, convoqués par ce réel qui nous force à voir que les ogres ne sont pas simplement des personnages de contes. Mais qu’ils peuvent, par malheur, prendre corps dans la chair.
À coups de couteaux... Des infirmières, des professeurs, des passants, des prêtres et maintenant des tout petits enfants.
À coups de couteaux... L’indicible douleur de se faire poignarder, l’insupportable du sang de son enfant.
Le Mal est bien là, tout près, comme un fauve tapi qui guette sa proie et s’empare de l’esprit fragile ou complice, sans distinction de culture, de race ou de religion. Nous voulions l’ignorer en nous réfugiant dans la certitude rassurante d’un doux confort tranquille et tellement naïf.
Devant l’innommable, il faut nous souvenir que ce Mal qui menace chacun de nos cœurs et chacune de nos intelligences, est le seul véritable ennemi à combattre. Qu’il nous faut être intraitable jour après jour, avec lui, sans armistice ni renoncement. Et qu’une société se construit dans le long terme si elle acquiesce à ce combat et n’y fait pas obstacle dans le désir de ses concitoyens. Que la grandeur de l’homme ne tient pas dans l’augmentation de son pouvoir d’achat et de sa consommation, mais dans le fait de devenir, au plus haut sens du terme, un homme justement, capable de distinguer le Bien du Mal et de choisir le premier en rejetant le second.
Pour l’heure il n’y a pas grand-chose d’autre à faire, me semble-t-il que de se taire et, pour ceux qui espèrent, que de prier. "Des gens présentaient à Jésus même les nourrissons, afin qu’il pose la main sur eux. En voyant cela, les disciples les écartaient vivement. Mais Jésus les fit venir à lui en disant : « Laissez les enfants venir à moi, et ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. »" (Luc 18,15-17)
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