Aïd c’est la fête en arabe. On comprendra donc qu’il n’y a aucun sens à souhaiter une "Bonne fête de l’aïd" car l’aïd c’est déjà la fête. Autrement dit si vous dites "Bonne fête de l’aïd" à certains vos amis musulmanes ou musulmans, ils peuvent entendre "Bonne fête de la fête". C’est comme dire "Bonne fête de la Party" à des anglais ! Bref. Ça n’a aucun sens.
On privilégiera donc "Bon aïd", ou pour les experts les plus aguerris "Eid Mubarak" soit "La fête bénie" en y ajoutant Mubarak, qui veut dire bénédiction. Enfin on parle bien de Aïd el fitr, et dans Aïd el fitr si chacune et chacun a compris ce que veut dire l’aïd, il nous manque l’autre moitié du titre.
El fitr, dérivé du ftour ou iftar, est le fait de rompre le jeûne, en latin littéralement dé-jeûner, donc déjeuner tout simplement. Cet iftar se reproduisait déjà tous les soirs pendant le mois de Ramadan, lorsque la nuit tombée, il est possible de dé-jeûner c’est à dire arrêter le jeûne commencé à l’aube. Sauf qu’aujourd’hui et depuis hier, ce dé-jeûnage (si l’on invente le néologisme) n’est pas réservé qu’à la tombée de la nuit mais il est valable tout au long de la journée de cette fête. Cet aïd donc en arabe encore une fois !
L’aïd el fitr, la fête du déjeuner, est très connue en ce sens où elle célèbre la fin de ce mois de Ramadan qui est l’une des rares pratiques communes à une immense majorité de musulmans indépendamment de leurs croyances, appartenances, pratiques ou convictions respectives. Comme s’il s’agissait d’un fil rouge convictionnel et culturel qui transcende les divergences au sein de l’immense communauté musulmane, la oumma, soit 1,6 milliard d’être humain !
Il existe dans l’islam un deuxième aïd, soit une deuxième fête. Et il s’agit bien là des deux seules fêtes religieuses de la deuxième religion du monde. L’autre aïd c’est l’Aïd el adha, soit la fête du sacrifice, el adha en arabe. Cet aïd là est aussi surnommé Aïd el Kébir, soit le grand aïd.
La grandeur, el kébir toujours en arabe mais maghrébin cette fois. C’est cet aïd, el adha ou el kébir, le grand et celui du sacrifice, qui est surnommé à tort dans les médias et le sens commun : la fête du mouton ! Cet aïd là commémore la tentative de sacrifice d’Ismaël par Abraham, interrompu par Dieu pour sa fidélité. Vous remarquerez qu’il s’agit dans le Coran de Ismaël, pour un récit identique à celui qui existe dans la Bible. Sauf que pour juifs et chrétiens il s’agit de son frère Isaac !
Bref. Joyeuse fête à toutes les musulmanes et tous les musulmans, aid mubarak de cette fête du déjeuner. Merci pour votre témoignage de foi dans la fidélité à vos convictions, merci d’être pour nous toutes et tous un visage de la miséricorde, merci pour votre persévérance et votre transformation du cœur par la pratique du jeûne comme moyen de se rapprocher de Lui avec un grand L et donc de la paix la plus profonde en chacun de nous.
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