En vue des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet, la Conférence des évêques de France appelle à la “responsabilité démocratique”. Après une tribune de 6 000 chrétiens se positionnant contre l’extrême droite, la CEF adopte un positionnement beaucoup plus neutre. Sans prendre de risque, les évêques français enjambent la politique pour se contenter de dénoncer une société de l'individualisme.
“La dissolution de l’Assemblée nationale a placé notre pays dans un trouble inattendu”, constatent les évêques de France. Ils s’émeuvent d’une “société inquiète, douloureuse, divisée”. Pas d’appel au barrage, pas de positionnement politique : le Conseil Permanent de la CEF se contente d'invoquer la “responsabilité démocratique” des catholiques.
Plutôt que de s'arrêter sur des considérations politiques, l’organisation ecclésiale préfère tirer des conclusions sur notre société. Elle parle d’un “malaise social” lié en partie à des décisions politiques, mais pas uniquement. “Il tient aussi à l’individualisme et à l’égoïsme dans lesquels nos sociétés se laissent entraîner depuis des décennies, à la dissolution des liens sociaux, à la fragilisation des familles, à la pression de la consommation, à l’affaiblissement de notre sens du respect de la vie humaine, à l’effacement de Dieu dans la conscience commune”, assure la CEF dans son communiqué.
Commençons par ne pas céder à l'anathème entre nous
La Conférence des évêques de France nous invite “à nous garder de la violence, à veiller à ne pas diffuser la colère et la haine”. “Demain, chacun devra toujours s’inquiéter de ceux qui vont moins bien que lui” professent les responsables catholiques.
Outre la parole de la CEF, plusieurs évêques font passer des messages de manière plus locale. La semaine dernière, les évêques de Lille, Arras et Cambrai ont appelé à la sagesse politique dans ces temps troublés. L’évêque de Carcassonne et Narbonne, Bruno Valentin a également adressé une lettre à son diocèse intitulée “Voter sans peur”. “La peur est jusqu'à présent l'argument électoral principal” juge-t-il sur RCF. C’est, selon lui, “l'argument dont se servent les uns ou les autres pour attirer vers eux ou pour repousser l'adversaire”.
Pour les responsables religieux, il est compliqué de prendre une position claire. L’épiscopat marche sur une ligne de crête, notamment parce que l’électorat catholique s’est diversifié aujourd’hui. “Si l'on compare à il y a 15 ans, la répartition du vote catholique sur l'éventail politique est aujourd'hui beaucoup plus large avec en particulier le basculement d'une partie des catholiques pratiquants vers le Rassemblement national à un niveau qui n'était pas atteint antérieurement” note l’historien Paul Airiau, auteur de "100 ans de laïcité française 1905-2005". Selon lui, cela pose de vrais problèmes de positionnement pour les responsables ecclésiaux. "Ils ont à se positionner : est-ce que l'on peut considérer comme catholique un vote pour le Rassemblement national ? Est-ce que l'on peut aussi considérer catholique un vote pour LFI ou le nouveau Front populaire ?"
“Commençons par ne pas céder à l'anathème entre nous” répond l’évêque de Carcassonne et Narbonne, Bruno Valentin. “Il faut d'abord consentir, et c'est une exigence évangélique, à une légitime diversité au sein de la communauté chrétienne” ajoute-t-il. Dans son communiqué, le CEF appelle également au “respect” des choix électoraux de chaque citoyen.
D’autres prennent des positions plus tranchées. Mardi 18 juin, un collectif de 6 000 chrétiennes et de chrétiens ont signé une tribune appelant à faire barrage à l’extrême droite “au nom de leur foi”. De même, sur RCF, Emmanuelle Seyboldt, pasteure et présidente du conseil national de l'Église protestante unie, appelle à voter contre l'extrême droite.
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